Gestion financière ???
Gestion financière ???
Pour 99% des joueurs de poker, ce n'est qu'un jeu, ne l'oublions pas. Un jeu c'est un loisir. En tant que tel, il doit donner lieu à un budget. Si comme la majorité des joueurs de poker au monde, vous êtes quelqu'un qui a un métier "traditionnel", et si, comme la plupart des gens bien avisés, vous essayez de gérer intelligemment votre budget, vous devez vous dégager aussi un budget-jeu.
Autrement dit, ne pas faire comme font certains de nos dirigeants, à savoir dépenser plus qu'on gagne et décider des dépenses avant de connaître ses recettes... mais ventiler le revenu en fonction des destinations qu'on lui réserve : alimentation, loyer/achat immobilier, enfants, voiture, épargne... et loisirs.
C'est évidemment dans cette dernière catégorie que se trouve l'argent destiné au poker.
On a la chance aujourd'hui, grâce au poker sur internet, d'avoir accès à une palette très large de pokers différents pour des prix modiques. Donc on peut trouver la forme de poker la plus adaptée à son style de jeu et se créer un budget-jeu qui corresponde à des objectifs financiers raisonnables.
Car l'idée est là. On peut jouer au poker avec deux états d'esprit :
Etat d'esprit n°1 :
- Je joue pour me distraire et rien de plus. J'aime voir des cartes, c'est mon trip, et ça m'est égal d'y gagner de l'argent (ce qui signifie que je passe mon temps à en perdre).
Etat d'esprit n°2 :
- Je joue au poker pour, si possible, gagner de l'argent. Et si au bout de six mois, je m'aperçois que je perds régulièrement ou que mon jeu ne s'améliore pas, j'arrête tout parce que ça ne m'amuse pas de perdre de l'argent.
Je me garderai bien de porter un jugement sur l'état d'esprit n°1 : il est aussi défendable que le n°2. On imagine très bien quelqu'un qui s'arrête de fumer (deux paquets par jour à 4 euros pièce) et qui investit dorénavant ses 240 euros mensuels dans sa partie en ligne à $0,5-1. Rendons-nous bien compte que sans des joueurs "récréatifs" comme lui, aucun site de poker en ligne ne tiendrait plus d'une minute. Pour ma part, toute ironie mise à part, je ne vois rien de condamnable à dépenser 240 euros par mois pour un loisir qui procure de telles sensations.
L'état d'esprit n°2 a une dimension supplémentaire : celle du challenge. Un challenge chiffré, car le juge de paix en cette matière est aussi impitoyable qu'inattaquable : c'est le résultat cumulé des différentes parties disputées. Un résultat exprimé en devise. A condition bien sûr de tenir un état réel des parties qu'on dispute, ce qui doit se faire en reportant sur un tableau les résultats au fur et à mesure qu'on les réalise.
Dès lors, on doit respecter 3 types de limites :
1. La limite budgétaire
Quand on a dépensé le budget-poker du mois, il faut évidemment ne plus jouer jusqu'au mois suivant. Toute exception à cette règle est le début des dérapages qui conduisent aux dépenses inconsidérées. Si on veut participer à un gros tournoi dans deux mois, on peut aussi ne pas utiliser son budget poker de ce mois-ci, de façon à avoir un double budget pour le mois suivant.
2. Les limites de la gestion financière
Cette question a fait couler beaucoup d'encre et en fera couler encore beaucoup. Moi qui ai aussi l'expérience de la gestion financière au casino (roulette et blackjack) en plus du poker, je peux maintenant l'affirmer : un joueur débutant/intermédiaire a besoin d'une gestion financière; seul le joueur expérimenté peut éventuellement s'en passer.
La gestion financière consiste avant toute chose à se donner des objectifs journaliers ou par session de jeu : objectif de gain, objectif de perte. Logiquement, l'objectif de perte est supérieur à l'objectif de gain (rapport de 1 à 2 par exemple) pour permettre aux "retours de chance" de s'accomplir. Mais il peut être aussi de 1 contre 1 (je quitte la salle quand j'ai gagné l'équivalent de ce que je me suis autorisé à perdre).
Exemples :
- en Hold'e'm limit 3-6, tapis de 120, ODG + 60, ODP - 120.
- en Hold'em no limit 1-2, tapis de 200, ODG + 100, ODP - 200.
On peut imaginer que quelqu'un se fixe un objectif de gain sur 5 sites par jour et change de site dès qu'il a atteint son objectif. C'est une chose que j'ai faite dans une période où j'avais plus de temps libre qu'aujourd'hui, et je dois reconnaître que ça marche en étant hyper-rigoureux. Ca marche si on ne se fixe pas un objectif trop ambitieux et si on est prêt à quitter la table sans que l'objectif soit atteint.
Certains aménagements sont possibles : par exemple, quand on prévoit 5 sites différents par jour, on peut s'arrêter de jouer quand on a rempli son objectif de gain dans les trois premiers sites consécutifs. C'est une attitude de pro qui répond à un souci de prudence mais aussi de rentabilité.
Il peut arriver que l'objectif soit atteint dès le premier coup, ce qui laisse une minute de présence; a contrario, on peut rester quatre heures de rang balloté par les mouvements de yoyo du tapis, sans arriver à atteindre l'objectif à la fin de la journée. Ce qui me donne un enchaînement idéal pour le point suivant.
3. La limite de temps
On a un budget-temps comme on a un budget-jeu. Outre qu'il est préjudiciable pour la santé de rester arrimé à son écran ou à sa table de club pendant 10 ou 15 heures de rang, c'est aussi un gâchis qui se fait au détriment d'autres activités : culturelles, sportives, culinaires, divertissantes, sexuelles, télévisuelles, laborieuses, etc. Le poker, où 80% du temps est passé à ne pas jouer, est un horrible bouffe-temps. En plus, moins longtemps on joue, moins on laisse de rake (prélèvement) au club chez qui on joue, et plus le gain horaire est élevé.
Reste que, quand on trouve une partie rentable, c'est-à-dire une partie où les adversaires sont assez peu affûtés pour vous assurer un gain sur le long terme, on n'a pas de raison technique de quitter la table. De même, certains sites vous assurent mieux votre gain que d'autres parce que leur clientèle est moins performante dans votre poker de prédilection, et là encore vous avez un meilleur potentiel de gain si vous vous cantonnez dans ces sites-là.