Notes de Vegas
Vendredi soir 30 mai, je vais avec l'équipe de l'EFP au Caesar's Palace pour le THNL à 150 dollars. Les WSOP ont commencé ce midi avec le 10.000 Holdem pot-limit. Moi, mon tour va venir les 6 et 7 juin.
Tour de chauffe encore (voir le premier article qui porte ce titre), mais cette fois dans un petit tournoi à 150 dollars dans ce qui est le plus grand casino de Vegas. Le Caesar's est si étendu qu'il abrite même deux casinos (15.000 mètres carrés au total), sans compter les salles de paris sportifs, hautes de plafond comme des cathédrales, les galeries marchandes, les restaurants, les salles de spectacles, les thermes qui sont à eux seuls une curiosité mouillée... Et ce n'est pas fini. Les deux hectares qui restent, derrière le casino, coincé entre l'autoroute A15 et la Flamingo Road, sont en pleins travaux, sans doute pour une extension de plus. Cher, Bette Midler et Elton John complètent le tableau. Ils drainent des milliers de spectateurs dans des spectacles grandioses, au Caesar's toujours.
La salle de poker est à part, on s'y sent chez soi, loin des malades des machines à sous. Le casino a une salle de cash game et une autre de tournoi, chacune avec 35 tables. Le tournoi d'hier soir à 150 partait avec des blinds de 25-50, des niveaux de 40 mn et des tapis de départ de 5.000. Du beau poker en perspective pour un prix aussi faible. Mais un bémol : sur les 150 dollars, la direction prélève 30, soit 20% ! Ce qui n'empêche pas ce tournoi hebdo de réunir la bagatelle de 131 joueurs, soit un peu plus de 5.500 dollars pour le premier.
Assez vite je prends un coup au flop, en contre-attaquant un adversaire qui a fait son continuation bet sur A-K-4. J'ai 10-9. Il passe. Il devait avoir probablement K-Q ou quelque chose de ce genre et me voyait avec un As en main, sans doute. Puis une demi-heure plus tard, à l'arrivée d'un joueur de remplacement, je suis au petit blind avec 3-2 à trèfle et je paie le complément. Mais le gars, qui est à gauche, relance à 300 (les blinds sont de 50-100 à cet instant). J'ai 7.000, je paie. Je sais que ces mains-là sont à accident mais tant pis, justement ça joue de temps en temps en ma faveur.
Le flop : Roi-9-2 dont deux carreaux. Je checke, il ouvre à 400, et je recommence mon numéro de la veille au Binion's : j'hésite en comptant jusqu'à 10, puis je paie les 400. Arrive un 5 noir. Cette fois j'attaque à 800. Il hésite, puis paie. Arrive enfin un carreau, le 10, et j'envoie 800 encore. Une sorte de "suck bet". Il marmonne je ne sais quoi, me demande si j'ai les carreaux, je ne réponds rien, fidèle à mon habitude, puis il jette ses cartes de dépit. Je retourne mon 2 mais pas l'autre carte et j'encaisse le pot.
Dès lors je suis chip leader de la table et j'ai une image hyper-respectée. Mais l'heure qui va suivre va être perdue, car non seulement je ne trouve quasiment aucune carte, et quand j'en trouve (7-7, A-J), des relances ont lieu avant moi et je préfère ne pas entrer dans un coup cher en ne me sentant pas favori.
Après l'arrêt dîner, les blinds passent à 100-200 et je n'ai plus que 5.500, légèrement en-dessous du tapis moyen. Trois adversaires ont des tapis autour de 8.000 après des confrontations musclées. Ma série noire continue : pas de cartes et pas de situation d'attaque satisfaisante, même à bluff. Puis arrive enfin une ouverture : je recois A-Q en 4e position, et je relance à 800. Mais le bouton me sur-relance à 2.500. Tout le monde passe. Et moi aussi, et bien m'en prend car il retourne As-Roi.
Le coup suivant exactement (véridique), je reçois 10-10. Moi qui n'avais pas bougé d'une oreille depuis 40 coups, j'entre pour la deuxième fois en deux coups, en relançant encore à 800. Et là, je suis à nouveau relancé par le bouton, à 2.500 ! Cette fois, je réfléchis. Comme je parle avant lui, je peux attaquer avant lui au flop si celui-ci ne semble pas lui être favorable. En plus, ce joueur a 9.000 devant lui et je ne dois pas relancer à tapis car il va payer, c'est certain. J'ai donc le choix entre passer et payer. Finalement, je paie, ce qui me laisse un tapis de 2.000. Arrive le flop : A-A-5, et dès lors la messe est dite : il lui est super favorable et je n'ai plus rien à faire dans ce coup. Je checke, il ouvre à 2.000 (mon tapis), et je passe. Il retourne A-K, comme le précédent !
Bon, j'ai compris que ce n'était pas mon jour, mais ce sont des épisodes qui arrivent et j'en ai vu de bien pires ! Trois coups plus tard, alors que je suis au gros blind, je recois 5-5. cette fois, je suis déterlminé à faire quelque chose. Opération survie ! Et comme par enchantement, un, puis deux, puis trois, puis quatre joueurs paient le gros blind de 200 ! C'est trop beau... Je relance à tapis, à 2.000, et j'attends. Ils passent les uns après les autres... sauf mon voisin de droite, qui paie. Et il retourne... 6-6 ! Qui a dit que chacun avait un ange gardien ? Le tableau n'arrange rien, et je dois me rendre à l'évidence : ce tournoi qui avait plutôt bien démarré pour moi, où je me sentais si à l'aise, ce tournoi vient de tourner au vinaigre et de m'éjecter manu militari en un quart d'heure !
Je me retrouve dans la salle d'accueil, et les Girls du blackjack donnent les cartes, décolleté plongeant, musique de discothèque à fond, et danseuse avec rampe et porte-jarretelles su l'arrière, en hauteur. Du spectacle cul-culturel comme on les aime à Vegas (photo). Il faut dire que si on va Vegas, c'est pour voir de la blondasse (je sais, je pouvais l'éviter celle-là, mais enfin quand à Vegas on peut tout se permettre ou presque comme blagues nazes).
Je traverse le Strip par la passerelle et j'atterris direct au Flamingo. Croyez-moi si vous voulez, mais là c'est la même chose ! Des danseuses en hauteur et des donneuses en débardeur ! Comme au Caesar's, je prends des photos avec mon portable (ce qui explique leur qualité médiocre)
J'en profite pour traverser le Flamingo et sortir à l'arrière de l'établissement, après la galerie commerciale intérieure, pour ressortir dans les jardins. Ce sont vraiment de beaux jardins, calmes, avec beaucoup de végétations et - kitch végasien, on n'en réchappe pas - des flamands roses en statues de plâtre dans les pièces d'eau. Au fond, la piscine, avec un écriteau : interdit aux moins de 21 ans - seins nus autorisés. C'est la dinguerie américaine qui continue, nous on a le topless sur 2.000 kilomètres de plages du littoral français, et interdit aux moins de zéro an !
Je saute dans un taxi, direction retour sur Fremont Street. J'arrive en plein battage et je tombe même nez à nez avec une curiosité comme je n'en ai jamais vu : une manifestation pacifique contre la dépravation, écriteaux à l'appui ? Manifestation à caractère religieux, précisons-le. Entre Binion's et Golden Nugget ! Là aussi, clic, photo. Et là-dessus je dois terminer des statistiques pour des master class, alors je grimpe à mon hôtel, Four Queens, chambre 917. Ron, ron, je dors immédiatement du sommeil du juste. Ce même juste qui orne les pancartes de manifestants. Tant mieux, par un hasard heureux (ca arrive à Vegas), ma chambre donne sur l'arrière de l'hôtel et non sur la rue, donc j'ai un silence relatif. Ca tape dans le mur à côté, qu'est-ce qui leur prend de faire des travaux en pleine nuit ?