Stu Ungar : 10 ans déjà
C'est l'image qu'on gardera de lui, éternellement : celle du gagnant. Il y a 10 ans jour pour jour, l'immense champion américain Stu Ungar était retrouvé mort dans la chambre n°16 de l'Oasis Motel, à 45 ans, après avoir battu tous les plus grands de son époque. Dévoré par la drogue, il a décliné jour après jour après son troisième titre mondial gagné en mai 1997, record jamais égalé depuis, jusqu'à l'inexorable issue.
Ayons une pensée pour ce joueur maudit, ce jusqu'auboutiste du poker qui ne savait jamais s'arrêter. Ceux qui l'ont connu reconnaissent que cette terre n'était pas faite pour lui et qu'il y souffrait constamment, sauf quand il jouait au poker. C'est dire combien il était destiné à ce jeu dans lequel il excellait, sauf sur la fin, comme le précise son biographe Nolan Dalla dans la biographie remarquable qu'il a écrite sur ce génie des cartes, Joueur né (éditions Sonatine). Je vous en prescris naturellement la lecture assidue car ce livre traduit par mon confrère Jérôme Schmidt est à la fois le plus bel hommage à ce génie du poker, et aussi le meilleur des remèdes contre la poker addiction.
Le poker n'aime pas les losers, et Ungar était tout sauf un loser. L'une de ses citations le plus connues est "Quand je vois un bon perdant, je vois d'abord un perdant." Un joueur est toujours jugé sur ses résultats. Les siens se passent de commentaires (en tout cas en tournois, car en cash-games c'était autre chose). Je me souviens que 5 ans après sa mort (donc en 2003, l'année charnière du poker actuel, l'année Moneymaker), il était encore dans le top 10 des gagnants des WSOP ! Qui pourra en dire autant quand l'heure de sa carte perdante aura sonné ?
Cet été, aux WSOP, j'ai rencontré celle qui avait partagé sa vie, Madeline, de même que sa fille, Stefanie. Elles m'ont longuement parlé de lui et de la Ungar Foundation qui oeuvre pour l'enfance maltraitée. L'Ecole Francaise de Poker, qui avait organisé cette rencontre, mettra prochainement en ligne les images de cette interview.
Palmarès de Stu
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Je profite de cette commémoration pour vous montrer un document rare, une publicité qu'avait faite Stu Ungar pour le magazine Gambling Times en 1982. C'est la seule publicité qu'il ait accepté de faire de toute sa courte vie.