Tournoi dans le sable des Sables
Retour au pays des ventre-à-choux...
Le 1er juillet s'est disputé, sur la grandiose plage des Sables de l'Olonne et en plein cagnard, le premier tournoi "Lieu unique" de l'Atlantic Poker Club. Je peux en parler parce que… j'y étais !
Avant toute chose, je tiens à signaler que je suis moi-même Vendéen, donc n'attendez surtout pas la moindre objectivité dans cet article. Ce que je peux dire en préambule, c'est que le gars Tichanné, Karl pour les intimes, va être papa bientôt (sa femme, enceinte ou non, est super mignonne) et qu'il déborde d'idées originales concernant le poker en général et son club en particulier.
D'où l'idée de créer des événements dont le but est de faire parler, des tournois originaux qui attirent les journalistes et génèrent des entrefilets dans la presse locale. Non, Karl n'est pas directeur en sous-main d'un groupe de casinos (quoiqu'il ait été approché par Patrick Partouche himself, mais c'est une autre histoire vu qu'il aurait refusé le pont d'or que l'homme lui aurait promis contre quelques menus services – on n'en dira pas plus – Patrick, si tu nous regardes… D'ailleurs Karl préfère tuer père et mère que de lâcher le moindre mot sur cette histoire.) Non, il n'est pas non plus ponte politique de Vendée, Philou le Fou l'a devancé dans cette fonction avec son Puy du même nom.
Le "Lieu unique", premier du nom, s'est déroulé sous un soleil de plomb, au milieu des estivants et de cette plage immense qui fait la fierté des Sables d'Olonne (si votre épouse est à un bout, il vous sera impossible de deviner sans jumelles combien de types lui tournent autour si vous êtes vous-même à l'autre bout). L'équipe de Karl était présente au grand complet, et des VIP ont participé, parmi lesquelles Loic Sabatte, le fou du volant du Mans. Je passe les détails d'importance : croupière pro (eh oui), table pro (eh oui), masseuses pro (eh non...).
Dès le départ, je me suis rendu compte que j'étais tombé dans un traquenard. Sur huit joueurs, il y en avait quatre qui étaient de mèche, vu qu'il s'agissait de deux couples. J'aurais dû me douter qu'il y avait anguille sous roche et que j'aurais du mal à remporter ce tournoi.
Cela explique pourquoi, dès le départ, j'ai joué mon va-tout. Au tout premier coup, le bouton relance en la personne de David, monsieur-je-relance-tout-ce-qui-passe. Je suis petit blind et j'ai A-Q. Je ne vois pas l'intérêt de sur-relancer mais plutôt celui de suivre – connaissant David, il me mettrait all-in dans la foulée préflop. La surblindeuse passe.
Flop : Q-10-2. Je fais confiance à David pour faire un continuation bet, donc je checke. Il ouvre (continuation bet, eh eh), je relance au double, il réfléchit… et fait all-in. Je rappelle qu'on en est au premier coup ! Et Karl qui avait prévu de gros tapis "pour que le tournoi soit compétitif" ! Comme le montre la photo, je réfléchis à mon tour, dubitatif. Ce serait trop con de sauter au premier coup contre un brelan, mais l'occasion est trop belle : j'ai le kicker max, je connais l'adversaire qui peut bluffer à ce moment, alors je le paie all-in moi aussi. Mine pleine d'espoir pour David qui retourne Q-9. Ouf de soulagement pour moi. Turn et river n'apportent rien de plus et j'élimine d'entrée de jeu l'homme dangereux du jour tout en doublant mon tapis.
Un petit mot sur David : c'est un joueur redoutable que j'ai déjà affronté plusieurs fois, un agressif dans le genre de DevilFish. De ceux qui sautent très vite et qui, s'ils se maintiennent, abordent les fins de tournoi avec des tapis colossaux. Je le signale parce que je ne vois pas beaucoup de joueurs dans son genre dans les clubs, et pourtant ce sont eux qui enflamment les tables et qui font peur aux autres. David est presque toujours respecté dans ses enchères et je tiens à lui tirer mon chapeau ici.
A vrai dire, la suite du tournoi m'est un peu sortie de la tête. Je me souviens avoir assez mal géré mon stack, même si j'ai vu d'autres joueurs sauter, dont Loïc qui n'a pas vu une carte de l'après-midi. A la pause, je jette mon chapeau (de paille) et mon pantalon (de lin) par-dessus bord et je pique un 100 mètres vers l'eau. Je m'y engouffre comme un forcené. Dans les casinos et les clubs aussi, ils devraient faire venir la mer, ce serait grandiose !
De retour à la table, après le chip race, je maintiens un tapis correct, puis je décide de bluffer avec K-8 assortis. J'ai déjà bluffé 3 fois et j'ai volé les blinds, qui montent à vitesse grand V. Cette fois, 10-10 me suit en la personne de Box, le frère de Karl (que des pistonnés, ces types-là, je vous dis, c'est la MGO, la Mafia du Grand Ouest). Mais aucun Roi ne viendra me sauver. Tant pis, je saute ou plutôt je me lève de la table, quatrième ou cinquième. Des applaudissements fusent, quelques tomates pourries s'écrasent sur mon chapeau (c'est pour ça que j'en ai mis un, au cas où), venant de fans qui s'étaient habitués à me voir gagner 3 tournois de rang – cf. mes précédents articles. J'avais oublié de leur expliquer une chose toute simple : c'est que les autres aussi, ils veulent finir premier !
La suite du tournoi était écrite : le duel final oppose Box et sa copine, bref, je vous avais bien dit que c'était truqué cette histoire. Si c'est le cas, je souligne avec admiration que ce duel a duré trois quarts d'heure et que c'était loin d'être des coups de gamins. Je connais Box, sous des dehors gentillets, c'est un tueur qui n'aurait pas démérité aux côtés d'Al Capone. Bref, il a fini par torcher madame, et il a gagné le trophée qui, comme d'habitude, était un modèle du genre (encore bravo, Karl).
Le soir même, j'ai tenu un atelier poker au bord d'une piscine privée – des photos l'attestent. Après quoi un grand écran a été déplié pour regarder le match France/Espagne. Dans la foulée, la vingtaine de joueurs (de poker) présents ont décidé de fêter la victoire des Bleus en faisant 24 heures de poker non stop, et j'ai vécu une des plus belles nuits de poker de ma carrière. La fin a été déclarée le lendemain à 18h, après un marathon de tournois enchaînés les uns aux autres.
La Vendée est belle, mais les Vendéens aussi. Les Vendéennes ne sont pas en reste, loin de là, et en connaisseur, je souligne la plastique de la joueuse Faustine – je n'ai pas à rougir, j'ai passé l'âge, et atteint celui d'apprécier ce qui est beau et de le faire savoir au besoin.
Grosses bises à toutes et à tous, chaudes et salées, et RV à l'automne pour le 2e "Lieu unique". Je sais déjà ce que ce sera, mais je ne vous le dirai pas avant l'heure, même sous la torture. Et n'oubliez pas de lire et relire votre "Poker Cadillac", c'est toujours utile avant les tournois du Grand Soir.