Barrière, poker et victoire
Finalement, la formule pour gagner un tournoi de moins de 100 joueurs à structure rapide n’est pas compliquée.
- Point 1, doubler dès le début du tournoi.
- Point 2, ne jamais subir de bad beat.
- Et point 3, ne pas perdre le tête-à-tête final.
Et toc ! C’est ce que j’ai eu l’occasion d’expérimenter à Bordeaux lors de l’avant-dernière étape du Barrière Poker Tour du WE dernier.
Engagé dans le main event à 1.500 euros, je me suis fait massacrer au 3e niveau de blinds après avoir subi une double-paire relancée à tapis sur un tableau menaçant (impossible de suivre, la moitié du tapis y reste) et un brelan adverse planqué sur le flop A-8-8, moi-même ayant la main A-K. Un tirage à couleur non complété a eu raison de mes derniers jetons face à un brelan de Trois flopé. Bref, Arkaos vous a déjà raconté tous ça ICI
Le plus drôle, c'est que j'ai découvert sur le site ClubPoker.com une photo qui me montre assis à cette ultime table où je ne suis resté qu'un quart d'heure (Roger Hairabedian est de dos) :
Cherchant une consolation dans un Sit&Go à 120 euros et à deux places payées, je n’ai pas trouvé mieux que de terminer troisième.
En désespoir de cause, je me suis inscrit après le dîner au 250 euros qui a réuni (quand même) 68 joueurs. Et c’est là que les choses ont pris un chemin un peu différent.
Tapis de départ 3.000, et premier niveau 25-50, pendant 20 minutes. Structure dure s’il en est, qui exige de doubler très vite. Au troisième coup, je reçois 5-5 au bouton, et comme deux joueurs suivent la relance de l’UTG, je paie pour la cote. Bingo, flop 5-8-J. Je double contre un A-A qui a préféré payé ma relance à tapis au lieu de se demander pourquoi je l’avait faite.
Le coup suivant, un adversaire double à son tour. Il est assis diamétralement opposé à moi : je suis en place 3 et lui, en place 8. Et dès cet instant, nous nous sommes ingéniés, sans nous concerter, à accomplir deux missions :
1 : Dézinguer le maximum d’adversaires munis des tapis les plus faibles.
2 : Réserver le même sort aux joueurs qui les remplacent.
A ce petit jeu, je reconnais que Christophe (c’est son nom) a mieux réussi que moi puisqu’une heure plus tard, il avait 15.000 devant lui, et moi, seulement 12.000. Mais le bal des déglingués s’est poursuivi et nous avons continué notre leadership de cette manière jusqu’à ce qu’il reste… 10 joueurs sur deux tables.
Vient le retirage des places pour la table finale. Jusqu’à cet instant, j’ai cavalcadé à peu près au double du tapis moyen, sans rencontrer de bad beat.
Là-dessus, Christophe, grand cœur, annonce : « Bon, il y a 9 places payées, je propose que le 10e ait la place remboursée. » Tout le monde accepte, et les short stacks applaudissent des deux mains (ils n’en avaient pas plus ce jour-là).
Commence alors une table finale comme je les aime : sur les 10 joueurs, seulement trois ou quatre connaissent les arcanes de la gestion des tapis. Certains serrent trop et se font manger par les blinds, d’autres envoient trop tôt alors qu’ils ont encore de la profondeur. Les joueurs ont été éliminés les uns après les autres. Moi, je compte dans ma tête : « Bon, maintenant mon prix est d’au moins tant, puis il est d’au moins tant, etc. » C’est toujours plaisant de savoir qu’on a déjà cashé et que notre seul souci est de tout faire pour avoir le cash maximum.
J’ai néanmoins passé quelques moments chauds. Par exemple quand, au niveau 1.000-2.000, ayant K-T de trèfle au surblind avec 35K, deux joueurs envoient le tapis : l’un avec 9K et l’autre avec 11K. Il reste 6 joueurs. En temps normal, je jette ma main. Mais ici, ma main n'est pas si horrible avec ses deux trèfles, et si je perds, il me reste 24K, ce qui est encore compétitif. La cote est énorme, je passerais chip-leader si je gagne. Je vois bien un joueur avec une paire moyenne et l’autre avec A-x. Et j’ai une assurance partielle avec un side-pot.
Bref, je paie. L’un abat A-T et l’autre 5-5. Le flop est 2-9-Q dont deux trèfles, qui me donne à la fois un tirage à couleur et un tirage à quinte ventrale. Mais la turn et la river sont 9-3 sans trèfle, qui élimine le A-T et fait presque tripler le 5-5.
Au coup suivant, je reçoit K-K au petit blind et le bouton est seul à relancer, à 7K. C’est le chip-leader. J’envoie immédiatement le tapis. Il réfléchit longtemps, longtemps, et finit par payer. Je me lève en retournant rageusement ma main, il retourne K-Q (quelle main terrible pour lui) et je double, ce qui me redonne le leadership.
A la pause, il reste 5 joueurs et j’ai néanmoins le plus petit tapis avec 27K. Mais je ne suis pas si loin du tapis moyen et aucun joueur n’est énorme. Aux blinds 3K-6K, ante 600, le tapis initial est colossal et les vols sont de rigueur. J’ai exécuté un petit festival de vols, ce qui m’a remonté à la deuxième place, et deux joueurs ont sauté. Nous sommes arrivés à trois : l’ineffable Christophe avec 110K, un short stack à 30K, et moi, avec 70K, au bouton. J’envoie immédiatement avec 3-3, Christophe passe, et le short stack paie avec A-T. Le tableau est affreux pour lui puisque non seulement il comporte un Trois, mais en plus une doublette arrive à la turn pour me donner un full. Le heads-up final commence.
Christophe souhaite partager la dotation. Je refuse parce que j’estime que ce joueur n’est pas optimal dans cette zone d’à peine 10 surblinds chacun, où des techniques très strictes d’envoi du tapis s’imposent (SAGE).
Je ne me suis pas trompé.
Premier coup : j’ai A-4 au bouton, j’envoie, il passe (nous sommes aux blinds 5K-10K, donc chaque pot compte).
Deuxième coup : il commet l’ineffable erreur de suivre mon surblind. J’ai J-4, j’envoie le tapis, il passe.
Troisième coup : j’ai Q-T au bouton j’envoie le tapis encore, et cette fois il paie… mais avec une main que j’aurais jetée à sa place, J-9. A part une Dame, rien d’intéressant n’arrive au tableau... et je gagne ce coup !
Et en prime, je remporte ce tournoi (4.800 euros). Je n'ai pas fait trois fois le tour de la salle de jeu mais vraiment, je n'en étais pas loin, même à 3h et demie du matin !
Ce samedi 18 septembre a été une longue journée puisque je l’avais commencée avec une conférence sur les tells dans le grand théâtre du casino, conférence qui devrait être reprise dans d’autres casinos Barrière car les cadres se sont dits conquis. Ajoutez là-dessus le main event, le Sit&Go et le 250 qui se termine à 3h30 : j’étais lessivé en rentrant à l’hôtel. Lessivé mais sur un petit nuage.
C’est toujours beaucoup de plaisir de gagner un tournoi, même relativement modeste. D’autant que, pour cette édition du BPT, nous étions venus en force : Yann (Myster.Y), TheCharlouf, Kariboo, Benjamin, Loïc nous avaient accompagnés Bruno et moi, et les chemises noires de l’EFP ont meublé les tables des tournois. Comme capitaine de la Team EFP, je me devais de montrer l’exemple avec une perf. J’en caressais le secret espoir et je l’ai fait.
Dans le main event à 1.500, qui avait réuni plus de 100 joueurs, seul Kariboo est allé au deuxième jour, pour sauter sur une table difficile en 30e position, juste avant Rémy Biéchel.
Enfin, dans le tournoi à 500, qui avait lieu le dimanche à 17h, c'est Yann, le local de l'étape, qui s'est offert la table finale avec la 9e place.
Donc bilan : un chouette week-end bordelais pour l’Ecole, avec deux tables finales et une victoire, même si le temps n’était pas digne de cette fin d’été – après tout peu importe puisqu’on ne joue pas en plein air ! La Team EFP continue sur sa lancée. Nous performons régulièrement maintenant, et des changements se profilent à l’horizon. Prochains RV : Barrière Enghien et Hold’em Series.
- Point 1, doubler dès le début du tournoi.
- Point 2, ne jamais subir de bad beat.
- Et point 3, ne pas perdre le tête-à-tête final.
Et toc ! C’est ce que j’ai eu l’occasion d’expérimenter à Bordeaux lors de l’avant-dernière étape du Barrière Poker Tour du WE dernier.
Engagé dans le main event à 1.500 euros, je me suis fait massacrer au 3e niveau de blinds après avoir subi une double-paire relancée à tapis sur un tableau menaçant (impossible de suivre, la moitié du tapis y reste) et un brelan adverse planqué sur le flop A-8-8, moi-même ayant la main A-K. Un tirage à couleur non complété a eu raison de mes derniers jetons face à un brelan de Trois flopé. Bref, Arkaos vous a déjà raconté tous ça ICI
Le plus drôle, c'est que j'ai découvert sur le site ClubPoker.com une photo qui me montre assis à cette ultime table où je ne suis resté qu'un quart d'heure (Roger Hairabedian est de dos) :
Cherchant une consolation dans un Sit&Go à 120 euros et à deux places payées, je n’ai pas trouvé mieux que de terminer troisième.
En désespoir de cause, je me suis inscrit après le dîner au 250 euros qui a réuni (quand même) 68 joueurs. Et c’est là que les choses ont pris un chemin un peu différent.
Tapis de départ 3.000, et premier niveau 25-50, pendant 20 minutes. Structure dure s’il en est, qui exige de doubler très vite. Au troisième coup, je reçois 5-5 au bouton, et comme deux joueurs suivent la relance de l’UTG, je paie pour la cote. Bingo, flop 5-8-J. Je double contre un A-A qui a préféré payé ma relance à tapis au lieu de se demander pourquoi je l’avait faite.
Le coup suivant, un adversaire double à son tour. Il est assis diamétralement opposé à moi : je suis en place 3 et lui, en place 8. Et dès cet instant, nous nous sommes ingéniés, sans nous concerter, à accomplir deux missions :
1 : Dézinguer le maximum d’adversaires munis des tapis les plus faibles.
2 : Réserver le même sort aux joueurs qui les remplacent.
A ce petit jeu, je reconnais que Christophe (c’est son nom) a mieux réussi que moi puisqu’une heure plus tard, il avait 15.000 devant lui, et moi, seulement 12.000. Mais le bal des déglingués s’est poursuivi et nous avons continué notre leadership de cette manière jusqu’à ce qu’il reste… 10 joueurs sur deux tables.
Vient le retirage des places pour la table finale. Jusqu’à cet instant, j’ai cavalcadé à peu près au double du tapis moyen, sans rencontrer de bad beat.
Là-dessus, Christophe, grand cœur, annonce : « Bon, il y a 9 places payées, je propose que le 10e ait la place remboursée. » Tout le monde accepte, et les short stacks applaudissent des deux mains (ils n’en avaient pas plus ce jour-là).
Commence alors une table finale comme je les aime : sur les 10 joueurs, seulement trois ou quatre connaissent les arcanes de la gestion des tapis. Certains serrent trop et se font manger par les blinds, d’autres envoient trop tôt alors qu’ils ont encore de la profondeur. Les joueurs ont été éliminés les uns après les autres. Moi, je compte dans ma tête : « Bon, maintenant mon prix est d’au moins tant, puis il est d’au moins tant, etc. » C’est toujours plaisant de savoir qu’on a déjà cashé et que notre seul souci est de tout faire pour avoir le cash maximum.
J’ai néanmoins passé quelques moments chauds. Par exemple quand, au niveau 1.000-2.000, ayant K-T de trèfle au surblind avec 35K, deux joueurs envoient le tapis : l’un avec 9K et l’autre avec 11K. Il reste 6 joueurs. En temps normal, je jette ma main. Mais ici, ma main n'est pas si horrible avec ses deux trèfles, et si je perds, il me reste 24K, ce qui est encore compétitif. La cote est énorme, je passerais chip-leader si je gagne. Je vois bien un joueur avec une paire moyenne et l’autre avec A-x. Et j’ai une assurance partielle avec un side-pot.
Bref, je paie. L’un abat A-T et l’autre 5-5. Le flop est 2-9-Q dont deux trèfles, qui me donne à la fois un tirage à couleur et un tirage à quinte ventrale. Mais la turn et la river sont 9-3 sans trèfle, qui élimine le A-T et fait presque tripler le 5-5.
Au coup suivant, je reçoit K-K au petit blind et le bouton est seul à relancer, à 7K. C’est le chip-leader. J’envoie immédiatement le tapis. Il réfléchit longtemps, longtemps, et finit par payer. Je me lève en retournant rageusement ma main, il retourne K-Q (quelle main terrible pour lui) et je double, ce qui me redonne le leadership.
A la pause, il reste 5 joueurs et j’ai néanmoins le plus petit tapis avec 27K. Mais je ne suis pas si loin du tapis moyen et aucun joueur n’est énorme. Aux blinds 3K-6K, ante 600, le tapis initial est colossal et les vols sont de rigueur. J’ai exécuté un petit festival de vols, ce qui m’a remonté à la deuxième place, et deux joueurs ont sauté. Nous sommes arrivés à trois : l’ineffable Christophe avec 110K, un short stack à 30K, et moi, avec 70K, au bouton. J’envoie immédiatement avec 3-3, Christophe passe, et le short stack paie avec A-T. Le tableau est affreux pour lui puisque non seulement il comporte un Trois, mais en plus une doublette arrive à la turn pour me donner un full. Le heads-up final commence.
Christophe souhaite partager la dotation. Je refuse parce que j’estime que ce joueur n’est pas optimal dans cette zone d’à peine 10 surblinds chacun, où des techniques très strictes d’envoi du tapis s’imposent (SAGE).
Je ne me suis pas trompé.
Premier coup : j’ai A-4 au bouton, j’envoie, il passe (nous sommes aux blinds 5K-10K, donc chaque pot compte).
Deuxième coup : il commet l’ineffable erreur de suivre mon surblind. J’ai J-4, j’envoie le tapis, il passe.
Troisième coup : j’ai Q-T au bouton j’envoie le tapis encore, et cette fois il paie… mais avec une main que j’aurais jetée à sa place, J-9. A part une Dame, rien d’intéressant n’arrive au tableau... et je gagne ce coup !
Et en prime, je remporte ce tournoi (4.800 euros). Je n'ai pas fait trois fois le tour de la salle de jeu mais vraiment, je n'en étais pas loin, même à 3h et demie du matin !
Ce samedi 18 septembre a été une longue journée puisque je l’avais commencée avec une conférence sur les tells dans le grand théâtre du casino, conférence qui devrait être reprise dans d’autres casinos Barrière car les cadres se sont dits conquis. Ajoutez là-dessus le main event, le Sit&Go et le 250 qui se termine à 3h30 : j’étais lessivé en rentrant à l’hôtel. Lessivé mais sur un petit nuage.
C’est toujours beaucoup de plaisir de gagner un tournoi, même relativement modeste. D’autant que, pour cette édition du BPT, nous étions venus en force : Yann (Myster.Y), TheCharlouf, Kariboo, Benjamin, Loïc nous avaient accompagnés Bruno et moi, et les chemises noires de l’EFP ont meublé les tables des tournois. Comme capitaine de la Team EFP, je me devais de montrer l’exemple avec une perf. J’en caressais le secret espoir et je l’ai fait.
Dans le main event à 1.500, qui avait réuni plus de 100 joueurs, seul Kariboo est allé au deuxième jour, pour sauter sur une table difficile en 30e position, juste avant Rémy Biéchel.
Enfin, dans le tournoi à 500, qui avait lieu le dimanche à 17h, c'est Yann, le local de l'étape, qui s'est offert la table finale avec la 9e place.
Donc bilan : un chouette week-end bordelais pour l’Ecole, avec deux tables finales et une victoire, même si le temps n’était pas digne de cette fin d’été – après tout peu importe puisqu’on ne joue pas en plein air ! La Team EFP continue sur sa lancée. Nous performons régulièrement maintenant, et des changements se profilent à l’horizon. Prochains RV : Barrière Enghien et Hold’em Series.