Le poker s'insinue dans le roman : "Santo Balordo"

Publié le par jokerdeluxe

Amateurs d'aventures et de poker appliqué à la vie courante, régalez-vous avec cet extrait de roman :
Bref, au bout de cinq minutes, il est au courant de ma situation, de mes difficultés, et de mes perspectives.
Robert me regarde en souriant et ne fait aucun commentaire. Peut-être se souvient-il de ses propres difficultés de jeunesse ? Il sait, d'autre part, qu'il ne peut me rendre responsable de l'issue malheureuse de certaines des opérations que nous avons entreprises ensemble. Jambes croisées l'une sur l'autre, comme d'habitude, la main entre le veston et la chemise à la hauteur de la perle qui rehausse sa cravate, il se borne à me demander:
— Combien te faut-il ?
Brusquement, je me sens gêné. Il ne me demande pas quel investissement j'envisage, ni quel sera son profit. Simplement, une somme. A-t-il senti que je suis un peu à la dérive, que mes “affaires” n'existent que dans mon esprit, que je ne “pèse” plus — comme on dit dans le “métier” — que quelques centaines de dollars ? Sa question est vague. Est-ce que cela ne ressemblerait pas à un secours qu'on accorde à un ami dans le besoin ?
Mon orgueil se révolte. Mais le sourire de Robert a raison de mes scrupules. Cet homme est un vrai ami. Nous avons tant de souvenirs, d'inquiétudes, de satisfactions en commun ! Je continue le jeu...
Je sais que demander une petite somme serait une erreur. Par ailleurs, il y a un “ plafond ” invisible que je ne puis crever. Le jeu justement, entre Robert et moi, consiste à trouver la bonne relance. Une sorte de poker ! Je fais appel à mes vieux
talents. Il faut réfléchir vite : la relance est immédiate :
— Une dizaine de millions me suffirait. Anciens, bien entendu.
Son sourire est toujours amical. Il se penche vers moi, me pose la main sur l'épaule :
— C'est tout ?
— C'est tout. Je te les rendrai en septembre.
Le chiffre était bon !
Il retourne derrière son bureau, et d'un tiroir retire un carnet de chèques, en remplit un qu'il me tend d'un geste qui semble dire : “Allez, empoche ça. N'en parlons plus.”
 
Le livre s'appelle Santo Balordo. L'auteur est Valerio La Rocca (Belfond, 1973).
Tout le bouquin bondit et rebondit, c'est un roman d'aventures qui apprend que plus de 30 ans après, l'esprit poker est toujours aussi vivace...

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Publié dans Livres

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