Retour en Suisse
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Après ma victoire sur le Lac Léman en mai dernier (ICI), c'est avec le plus grand plaisir que j'ai rejoint Lausanne pour un séminaire, le samedi 16 septembre après-midi.
La douane énergique
Une parenthèse : ceux qui entendent passer des liasses d'argent noir en Suisse pour les déposer sur leur compte numéroté courent de grands risques. Avant l'arrivée à Lausanne, j'ai été alpagué (je ne vois pas d'autre mot) dans le TGV par une escouade de la douane volante. Les deux gaillards avec uniforme et casquette m'ont fouillé de fond en comble (y compris mon portefeuille qu'ils ont vidé complètement), ont passé au crible mon bagage...
Ils étaient de bonne humeur ce jour-là et n'ont rien dit sur les 6 exemplaires de Poker Cadillac que j'avais avec moi. Quand l'un d'eux a plaisanté sur Patrick Bruel, j'ai compris que c'était gagné.
J'étais à Lausanne à la demande du club de passionnés qui s'y trouve, et quand je me suis retrouvé parmi eux — 20 aficionados dont 2 femmes qui m'attendaient au tournant —, j'ai su que je devais être à la hauteur. Heureusement, j'avais bien révisé mes cours et j'étais fin prêt pour les 6 heures de poker.
Les premières heures du poker continental en casinos
Après une heure passée à rappeler les origines historiques du poker et à tracer un panorama du poker aujourd'hui, nous sommes tous passés dans la salle attenante pour le repas. Là, j'ai appris que les casinos suisses ouvraient peu à peu des tables de poker.
L'un d'eux avait ouvert une table de poker limit, avec une particularité : le dernier tour se fait à une limite de 100 BB ! Sans doute pour favoriser les flambeurs. Mais cela pose problème : tant que les directeurs de casinos n'auront pas compris que les joueurs de poker voyagent beaucoup, qu'ils forment une sorte de communauté internationale, ils passeront pour des rigolos s'ils n'uniformisent pas leurs règles.
Pourtant, il existe des règles officielles, ou plutôt, dirons-nous, observées partout. Quand on connaît les règles souvent pointilleuses qui tranchent des cas difficiles, par exemple quand un joueur retourne une carte ou quand le donneur en retourne une, on se dit que les casinos seront à 100 lieues d'être respectés s'ils appliquent des règles d'enchères aussi fantaisistes que celles qu'ont m'a indiquées.
Un bon point : ce casino, de catégorie "B" (donc ne pouvant exploiter que 3 types de jeux) a préféré supprimer ses tables de Caribbean Stud au profit de celles du poker, signe qu'on y croit beaucoup.
Etant surbooké en ce moment, je n'ai pas encore eu le temps d'aller visiter moi-même une des quatre salles de poker en phase de test dans les casinos français. Je vais le faire très bientôt (Deauville je pense) et vous dire ce que j'en pense.
J'ai aussi eu des échos du poker à Divonne. C'est un casino que je connais bien, côté français, à deux pas de Lausanne (j'y ai souvent joué au blackjack). Le poker y est installé depuis deux semaines.On y trouve une table de Hold'em limit 1-2 et une autre de no limit 5-10. Curieusement, pour entrer dans cette dernière il faut une cave (buy-in) comprise entre 500 et 2.500. Là encore, on est loin des standards internationaux qui sont à 10 BB pour le minimum et 100 BB pour le maximum, soit en l'occurrence 100-1000.
Ces anomalies sont compréhensibles au début du poker de casino. Quand la phase de test prévue avec les autorités sera terminée (en novembre), il sera temps de normaliser les pratiques sinon les casinos risquent fort de se condamner la clientèle des joueurs de fond et des globe-trotters.
Vive la précision suisse
Ensuite, retour dans la grande salle pour attaquer le gros morceau : les facteurs clés de décision, les fins de tournoi et les cotes financières.
Comme les organisateurs avaient bien fait les choses, nous nous trouvions dans une grande salle bien éclairée à l'écart de Lausanne, avec tout le matériel pédagogique rêvé : paperboard, tableau Velleda, rétro-projecteur et feutrine tendue pour mes cartes à attache Velcro.
Première partie consacrée au principaux facteurs de décision, dont les cartes, la position, le tapis et les adversaires. Puis pause, et phase pratique : dix joueurs prennent place autour de la table, cartes en main, et les coups se succèdent, mes commentaires à l'appui. C'est toujours un moment que les élèves apprécient parce qu'ils sont en jeu réel et me bombardent de questions pour me mettre à l'épreuve moi aussi.
Je préfère être Sancho Pança que Don Quichotte
Puis dix autres joueurs prennent la place des premiers et on reprend le jeu réel avec commentaires. Je demande toujours aux joueurs de justifier leur décision quand elle me paraît discutable. Leurs arguments sont souvent logiques mais je leur donne toujours les arguments réels, ceux qui prévalent sur tous les autres.
Par exemple, un joueur qui a 10-9 dépareillés en fin de parole paie une relance de début de parole au prétexte qu'il a la position. Oui, il a la position, mais il n'a aucune cote car personne n'a payé. Or, s'il tient à tout prix à jouer 10-9 (ce qui est une lubie qu'il a intérêt à abandonner au plus vite, en tout cas dans ces circonstances-là), alors qu'il le fasse agressivement plutôt que de se laisser chahuter.
Si le flop lui amène quelque chose (tirage, paire, 2 paires ou plus), il aura toujours l'option d'attaquer ou de contre-attaquer avec un vrai jeu tout en laissant croire qu'il essaie d'arracher le pot, ce qui peut pousser l'adversaire au bluff. Il se sera donné une chance de piéger son adversaire avec une main atypique.
Ce n'est pas simple, pour un débutant en Hold'em no limit, de comprendre que l'important n'est pas de voir des cartes mais de gagner le pot. Que l'important n'est pas de relancer pour charger le pot et augmenter la cote mais de relancer parce qu'on sait que l'adversaire ne paiera pas. Un joueur aguerri le pratique tous les jours mais un joueur lambda n'est pas habitué à jongler avec ces concepts qui vont au-delà des bases habituelles.
J'ai retrouvé à Lausanne ce que j'ai déjà trouvé dans les Ateliers poker du Doc et mes séminaires de province : le joueur lambda progresse d'abord très vite, puis vient le moment douloureux où il a l'impression de se cogner à un mur, de plafonner, de combattre des moulins.
Si vous ne voulez pas devenir le Don Quichotte du poker, venez à mes cours. Je vous expliquerai les actions qui vous font stagner et je vous dirai comment y remédier. Des milliers de joueurs dans le monde sont dans ce cas, surtout en ligne, et ne prennent pas le temps de se coacher. S'ils le faisaient, des pans entiers de leur jeu s'éclaireraient d'un seul coup et ils avanceraient en plein jour au lieu de patauger dans la pénombre.
Le gruyère suisse n'a pas de trous, mais les parcours de golf si
L'ambiance suisse a quelque chose de spécial : un air propre peu-être, mais aussi une simplicité et une détente que je retrouve rarement en France. C'est toujours un plaisir de venir en Helvétie. Un des joueurs présents m'a affirmé qu'il y avait la même proportion de joueurs en Suisse qu'en France. Je le pense aussi car mes livres s'y vendent bien.
Pour preuve aussi que le poker y est vivace : le lendemain se disputait quelque part en Suisse un tournoi à 50 euros et déjà 90 joueurs y étaient inscrits. Je doute qu'on atteigne de tels chiffres dans les clubs locaux français pour une compétition à ce prix.
Merci à Grizzli pour l'accueil et la préparation.