Donner une carte gratuite : oui, parfois
Fougan, le Furious Frenchman, me racontait récemment un coup difficile.
Il part avec J-J, au petit blind. Un joueur relance, Fougan paie et se retrouve en duel.
Arrive le flop : 10-7-6 dont deux trèfles.
Fougan checke. L'adversaire ouvre. Fougan fait all-in, à environ 5 fois l'ouverture. L'autre, qui couvre Fougan (il a un tapis juste supérieur), paie. Il s'avère qu'il a 4-3 à trèfle en main, et un tirage quinte ventral. Il touche son trèfle à la river.
Bad beat classique, mais pourtant cette fois, les Valets sont joués à l'attaque, et à l'attaque maxi puisque Fougan fait all-in. Il ne pouvait pas mieux faire. On ne peut pas s'empêcher de penser que l'adversaire a mal joué le coup, car il n'a pas de cote suffisante pour payer. Il gagne en ayant 13 outs, ce qui est inférieur à 50%. Le calculateur le donne à 42%.
De plus, il est à la défense au lieu d'être à l'attaque. Donc il se donne une seule chance de gagner le coup : en abattant le meilleur jeu. Alors que Fougan, en étant à l'attaque d'entrée, se donne 2 chances de gagner : tout de suite si l'adversaire jette ses cartes, et à l'abattage s'il décide de payer. C'est d'ailleurs toujours le cas quand on est à l'attaque.
D'après d'autres joueurs que Fougan a interrogés, il y avait une autre solution : payer simplement l'ouverture au flop puis envoyer le tapis à la turn si celle-ci ne complète de toute évidence aucun tirage possible (ce qui est le cas ici). L'adversaire n'aurait alors vraiment pas pu payer son quasi-tapis pour une seule carte -- du moins on peut le penser.
Cette notion de "donner une seule carte gratuite au lieu d'en donner deux" peut s'avérer utile contre des joueurs qui, de toute évidence, ne savent pas compter les cotes financières. Mais elle comporte le risque de devoir jeter son jeu quand on est favori. Si c'est en échange d'un maintien dans le tournoi, cela mérite réflexion...