Balade monégasque

Publié le par jokerdeluxe

La principauté de Monaco reste ce « rocher à tête de chien », comme disait Sacha Guitry, que certains imaginent minuscule mais qui ne l’est pas tant que ça. Surtout si vous en parcourez les rues qui sont devenues de plus en plus sinueuses à cause des immeubles qui envahissent l’endroit dans un bazar apparent. Non, tout n’est pas construit dans la principauté : on démolit pour reconstruire plus large et plus haut, les travaux n’en finissent jamais… et il y a toujours ce projet d’île flottante.
 
L’EPT a eu lieu dans le Monte Carlo Bay, un hôtel qui se trouve à la limite de Roquebrune Cap-Martin. C’est même le premier immeuble monégasque une fois passé la « frontière », quand on vient de Menton en passant près du Sporting Club. L’hôtel donne directement sur l’avenue de la Princesse Grace, mais – et c’est là qu’est le génie de l’endroit– la salle où ont lieu les festivités étaient en arrière, au bord de l’eau sur une portion de terrain récemment gagnée sur la mer, déjà plantée de palmiers dont je soupçonne quelques-uns d’être même des cocotiers. Quant au style des constructions, on se croit en plein Las Vegas.
                                                             
Le plus fort est que cette 3e édition de l’EPT qui clôt cette saison 2006-2007 plante une bonne fois ce tournoi comme étant LE PLUS GRAND TOURNOI EUROPEEN DE POKER. Jugez plutôt : 706 inscrits – 39 nations représentées dont 128 Britanniques, 109 Américains, 96 Français et 65 Suédois– Buy-in de 10.000 euros – A la gagne : 6,6 millions d’euros, et 1,8 million pour le premier.
 
Sur place, on note la présence de Phil Hellmuth, le champion de poker le plus titré du monde, Phil Ivey et Greg Raymer - même Moneymaker avait fait le déplacement.
 
Pour ma part, si je suis venu à Monte Carlo, ce n’est pas pour ce tournoi. Je le ferai quand je serai sponsorisé. Je suis venu pour l’Ecole Francaise de Poker, pour laquelle je fais des relations publiques et je conclus quelques partenariats. Nous en reparlerons.
 
A peine entré dans la grande salle, je me fraie un chemin jusqu’à la table de mon cher Pascal Perrault. Le tableau est le suivant : Q-Q-7-K-K. Le pot est énorme. Son adversaire checke, Pascal ouvre au tiers du pot. L’autre réfléchit longuement, puis jette sa main en la retournant volontairement : A-A. Pascal boit du petit lait et encaisse le pot. Il retourne 5-5. « Tu me portes chance » me dit-il, hilare. Hélas, il sautera dans la journée contre un coup malheureux qui l'a opposé à David Benyamine.
 
Ce sera aussi le cas de mon autre alter-ego, Fougan. Après avoir vu des cartes nulles toute la soirée et s’être absenté 3 heures parce que malade comme un chien, il finit par toucher K-K. Son adversaire est un Allemand blond exubérant que je connais bien pour le voir chaque année au PokerEM d’Autriche. Au tableau : pas de tirage à quinte ni à couleur mais une doublette 4-4. Le Saxon checke, comme il l’a fait depuis le début du coup. Fougan réfléchit, puis relance all-in. L’autre se tord la figure dans tous les sens, réfléchit à n’en plus finir. Aucun joueur n’ose prononcer l’expression fatidique « time » qui abrège le temps de réflexion à une minute. Il se lève, se prend la tête, voit une caméra, lui demande de venir. Il prend une pile de jetons, demande à Fougan ce qu’il a comme cartes, comme si le champion français allait le lui dire ! Une fois dans le champ de l'image, il pousse son tapis et repose la question. Fougan pousse ses cartes sans les retourner. Dès l’instant que l’autre a demandé à la caméra de venir, Fougan a su que son adversaire l’a battu. Lequel abat 10-10, qui lui donne full (le tableau comporte aussi un Dix). Dégoûté par ce comportement sournois - l’homme avait le full max, seul le carré de 4 le battait -, Fougan part se reposer pendant plusieurs heures.
 
Je ne vais pas vous faire un « coverage » total de ce tournoi. Il figure sur d’autres sites qui ont envoyé exprès des journalistes, notamment Team770 avec mon collègues Benjo (texte) et Arnaud (photos). Mais je veux signaler quelques émotions :
- Phil Hellmuth aux prises avec Suki, la masseuse de classe internationale (qui gagne par K.O. – voir photo)
- Gus Hansen, la plus grande star du circuit européen, chemise ouverte sur débardeur – il saute avec 10-7 en trouvant double-paire au flop, pourtant un de ses coups préférés
- Greg Raymer toujours là dans les points, de même que Ram Vaswani, Andy Black, Carlos Mortensen et… Anthony Lellouche, qui prouve là encore qu’il reste un des meilleurs joueurs français (on l’attend au tournant pur un titre !) – voir photo
- rencontre avec Barny Boatman et Marcel Luske (voir photo), lequel a sauté premier du tournoi – « Ca me laisse le temps de respirer l’air de la mer » plaisante le grand Batave blond pour lequel une équipe de tournage hollandaise a fait le déplacement. Ces deux joueurs de premier plan européen sont experts pour l’Ecole Francaise de Poker.
   
 
Côté français, je retrouve l’équipe de Poker 770 : Pink Lady, Robert Cohen « le Dangereux » (qui me reproche ma casquette de me donner « un air de gestapiste »), Fabrice Soulier, mais aussi Oleastre, Philippe Vandeventer (qui a récemment gagné son entrée au prochain tournoi international du Gaillon de Paris, en mai, doté de 3,5 millions de dollars), Loïc Sabatte, Jean-Bernard Bot, Paul Testud, Jacques Durant, Bruno Fitoussi, Elky… Pas trace des magazines sauf de Georges Djen, de Live Poker, le seul avec lequel je ne collabore pas alors que ses bureaux sont à 3 stations de métro de chez moi !
                                 
La foule des joueurs est telle que l’organisation est contrainte de supprimer le tournoi à 500 du 29. Le lendemain, je m’inscris cette fois au 500 + 500 d’add-on. Pour ce faire, je fais la queue pendant une bonne heure et demie (rythme : 2 inscrits par minute !) alors qu’il serait si rapide de nous faire tirer des places dans un chapeau et de nous faire régler les buy-in à chaque table, à l’américaine ! Ou d’accepter les pré-inscriptions en ligne… Nous mangeons un morceau avant le combat, avec Antoine Dorin, de la Fédération Française des Joueurs de Poker (FFJP) qui prépare un championnat français avec sélection en ligne sur un site partenaire et finale à l’ACF.

Une fois assis et les premières cartes données, le rythme est pris. Mais la structure file : augmentation toutes les demi-heures. Quand la gagne est affichée à l’horloge, les esprits s’échauffent : 84.000 euros pour le premier, 46.000 pour le deuxième… « Je vais m’accrocher ! » psalmodie JB Bot, qui joue à ma table… Et pourtant, il saute 5 minutes après moi. Avec 240 participants au départ, nous terminons dans le 8e niveau de blinds. Ce n’est pas une honte mais on a rêvé mieux. Dans les 80e en gros, pour 18 places payées. JB, fidèle à sa réputation, il râle et râle encore quand nous rejoignons l’hôtel vers une heure du matin. A noter que ce tournoi a été remporté par un Français, sponsorisé par Poker770 (84.000 euros !).
 
Vicky Coren est une fée qui me réveille en fin de matinée du samedi. C’est une championne, elle a gagné l’EPT de Londres en septembre 2006. Journaliste et anglaise, elle n’en parle pas moins un français parfait. J’en tombe des nues ! « Mais je parlerai anglais quand nous nous verrons tout à l’heure », me dit-elle comme un défi. D’ac, Vic, et effectivement elle a tenu parole.
 
Repas avec ce diable d’Oleastre qui a fait des centaines de jaloux dans l’Hexagone quand il a annoncé sur son blog qu’il avait dégoté un mécène qui accepte de le financer pour participer à TOUS les EPT de la saison 2007-2008 (soit entre 7 et 10 tournois !). Son mécène est présent, c’est un homme charmant qui m’avoue : « Au début, j’ai failli vous appeler mais finalement, j’ai rencontré Olivier et c’est avec lui que j’ai fait affaire. » Mon club sandwich a failli m’étouffer à cette seconde.
 
Oleastre, qui avait déjà son entrée pour ce Monte-Carlo (de fait), a quand même joué un satellite pour se mettre en train. Il arrive en tête-à-tête final, les tapis sont comparables, et l’adversaire lui propose un partage 3000/7000 – et il ne veut pas en démordre ! Oleastre en aurait mangé son béret ! Devant une telle outrecuidance, le Français refuse évidemment le partage. Dès qu’il touche 7-7, il relance all-in, l’autre paie avec K-J et le flop arrive avec… deux 7 ! Ecoeuré, l’homme quitte la table sans même se rendre compte qu’il lui reste encore un dixième des jetons de départ. Tant pis. Oleastre a un grand cœur et offre la place à son mécène.
 
Oleastre passe le premier jour et en sort avec 13.000. Il se fait démolir le deuxième jour. Mais il est philosophe et me dit : « J’ai encore appris avec de grands joueurs à ma table. J’ai joué trois heures avec Ram Vaswani est c’est vraiment un joueur extraordinaire. Il a dû entrer dans trois coups sur quatre. C’est un vrai chacal. La plupart du temps, il achève ses adversaires au flop. » C’est le propre de ces grands joueurs : ils montent des jetons au prix de bad beats possibles, ils essaient de doubler, de quadrupler le tapis pour ensuite gagner un ascendant psychologique définitif à la table.
 
Samedi après-midi, tournoi à 250. J’y reste 4 minutes. Premier coup : je passe. Deuxième coup : j’ai A-Q au bouton. Je relance à 5 surblinds et le petit blindeur paie. Flop : A-8-4 dont deux trèfles. L’adversaire checke, j’ouvre à hauteur du pot, il relance d’autant. Je sais à cet instant que je risque de tomber contre un brelan ou 2 paires mais je décide de monter un tapis en ce début de compétition. Je relance donc all-in en me disant qu’il ne pourra payer que s’il a vraiment du béton, d’autant que mon tapis couvre le sien. Il paie. Il abat A-4 pour deux paires et améliore même à la river avec un autre 4. Je perds donc et il me reste l’équivalent de 9 surblinds. Le coup suivant, je trouve 10-10. Je relance all-in pour doubler mon tapis. J’accroche le même joueur qui paie. Il retourne K-J et trouve J au flop, et voilà comment je suis resté 4 minutes dans ce tournoi. Aucun regret : j’irai rejoindre Marcel face à la mer pour respirer l’air du large.
 
Sauf que la pluie et le froid m’en dissuadent, alors j’en profite pour regagner ma chambre au Méridien. J’y termine une traduction que m’a commandée un éditeur et qui sortira en mai dans la collection « Pour les nuls ». Ce qui explique que je n’aie pas été bien actif dans mon blog ces derniers jours… cela s’expliquant aussi par le gros travail que je fournis depuis 3 mois avec mes collègues Philippe Vandeventer et Bruno Louy pour l’Ecole Française de Poker, qui sera mise en ligne ce mois-ci (nous y mettons la dernière main en ce moment). Mais je promets de ne rien dire tant qu’elle n’est pas ouverte au public, merci à tous.
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Beaucoup de chance de voir dans cette finale deux des plus grands joueurs européens, Vaswani (UK) et Black (Irlande), même s'ils ont les deux plus petits tapis de la table ! Voici le résultat final :

 

 

First Name

 

Last Name

 

Country

 

PokerStars status

 

Prize

 

1

 

Gavin

 

Griffin

 

 

PokerStars qualifier

 

€1,825,010

 

2

 

Marc

 

Karam

 

 

 

€1,061,820

 

3

 

Soren

 

Kongsgaard

 

 

PokerStars qualifier

 

€610,550

 

4

 

Kristian

 

Kjondal

 

 

 

€471,180

 

5

 

Josh

 

Prager

 

 

PokerStars qualifier

 

€391,550

 

6

 

Steve

 

Jelinek

 

 

PokerStars qualifier

 

€305,270

 

7

 

Andy

 

Black

 

 

 

€238,910

 

8

 

Ram

 

Vaswani

 

 

 

€159,270

 

 

Publié dans Mes tournois

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