Certains sponsos de FullTilt rechignent à rembourser
La reprise de FullTiltPoker par une société francaise (Groupe Bernard Tapie) en arrive à sa phase finale. Mais il y a un hic : l'audit fait apparaître une situation financière pire qu'escomptée, avec notamment 16 millions de dollars de dettes contractées par les anciens joueurs sponsorisés du site.
GBT ne cite aucun nom POUR L'INSTANT, mais précise :
"Heureusement, parmi les 19 joueurs que nous avons tenté de contacter, certains nous ont immédiatement rappelé et travaillent avec nous à un plan de repaiement ou de compensation de leur dette, et nous sommes déjà en train de finaliser des contrats en ce sens."
Ils ne disent pas "la majorité" ni "la plupart", ce qui veut dire que c'est une minorité. Donc on parle ici de moins de 10 joueurs en cours de règlement. Il en reste au moins une dizaine qui regimbent et ne veulent pas rembourser ce qu'ils doivent. Peut-être, tout simplement, parce qu'ils n'ont pas cet argent en banque ?
Ce point est pourtant de nature à faire capoter l'opération de reprise. Mais les repreneurs ont un argument massue pour forcer les renégats : l'ego des joueurs en question. Ils ont en effet BESOIN de retrouver un sponsor, et pour ce faire, même s'il ne s'agit pas de FullTilt, au moins doivent-ils avoir une image propre. Ils ne veulent pas recevoir d'oeufs pourris ni se faire entarter dans les prochains grands tournois du circuit ! Ce qu'a très bien compris le repreneur francais, qui déclare, un rien goguenard :
"La communauté du poker, et en particulier celle des anciens joueurs de Full Tilt en attente de retrouver leurs fonds, mérite de connaître la réalité du comportement de certaines grandes figures du poker qui s’affirment «navrées de la situation des joueurs de Full Tilt et souhaitent tout faire pour leur permettre de retrouver leurs fonds», qui blâment les anciens dirigeants, mais qui s’abstiennent bien d’indiquer combien eux ont emprunté à Full Tilt, et perdu, en jouant sur le site. Lorsqu’on est un joueur de poker, à fortiori un grand joueur, reconnu et admiré, la règle de base, il me semble, c’est d’honorer ses dettes de jeu."
Sauf erreur de ma part, la citation à laquelle Laurent Tapie fait allusion est celle de Phil Ivey, considéré par beaucoup (y compris par moi) comme le meilleur joueur du monde !
Décidément, cette affaire à rebondissements multiples fait sauter le couvercle de boîtes aux odeurs nauséabondes. Mais c'est tant mieux. Manifestement, le poker en ligne avait besoin d'un traumatisme de ce type avant de repartir sur de nouvelles bases. De plus en plus, cette ère de cocagne que j'ai aussi connue, propre aux rooms en .com, ne pouvait plus durer. Quand on voit ce qui se passe aujourd'hui, on s'aperçoit à quel point les excès dépassaient l'imagination.
Rappelons juste en passant que, grâce à un système de type "pyramide de Ponzi" (encore appelé "cavalerie") consistant à payer les anciennes dettes en en contractant de nouvelles, les actionnaires de FullTilt on recu en 4 ans la bagatelle de 443 millions de dollars de dividendes. Dont Chris Ferguson (87 millions) et Howard Lederer (42 millions). Juste avant sa fermeture en avril 2011, le site avait comptablement 390 millions de dollars de dépôts de joueurs, mais seulement... 60 millions en banque !
Le plus amusant dans l'histoire est que ce soit Bernard Tapie, ancien ministre miraculé haï de tant de serviteurs de l'état mais adulé par tant de francs-tireurs, qui siffle la fin de la récréation. C'est un peu comme dans un tournoi de poker. Vous pouvez être ultra short-stack à un moment donné, à l'extrême limite de la mort, puis vous refaire la cerise ensuite et finir en gagnant l'épreuve. La roue tourne.