Jérôme Zerbib ou le poker sacrifié
Un des meilleurs joueurs de poker français
étrillé par un fisc aveugle
Dans le forum de ClubPoker, le joueur français bien connu Jérôme Zerbib témoigne : victime d'un contrôle fiscal qui a duré plus d'un an dans le cadre de son activité de gérant de société (j'emploie le mot "victime" à dessein), il a été reconnu joueur de poker professionnel. Probablement, je pense, parce que ses gains en tournois ont dépassé ses gains en tant que gérant (j'hypothétise). Résultat des courses : le voilà contraint de payer au fisc 100% de ses gains de tournoi en 2009 et 2010, soit… 400.000 euros.
J'ignore comment le fisc justifie son calcul, quoiqu'avec les frais de retard et autres amendes de non-déclaration, on y arrive vite. J'imagine bien que Jérôme, joueur avisé, va confier l'affaire à un avocat pour que le fisc finisse un jour par comprendre que les gains visibles au poker doivent être diminués des frais.
Que cette brûlante mésaventure serve de leçon aux autres et que le sacrifice de Jérôme leur évite de se faire étriller de cette manière ! Car elle peut arriver à énormément de joueurs en France. La nouvelle orthodoxie affichée par le fisc étant que si vous avez des gains réguliers au poker (et quand on joue à un rythme régulier, même si on est perdant sur la fin, on a quand même des gains réguliers ! -- à moins bien sûr d'être le dernier des nuls au poker), le poker n'est plus pour vous un jeu de hasard mais une activité lucrative. Dans ce cadre, les gains basculent dans les BNC (Bénéfices Non Commerciaux), comme si, par exemple, vous fabriquiez de la poterie à vos heures perdues, que vous vendiez sur les marchés le dimanche.
Devant l'imbécilité sans fin de ceux qui nous gouvernent -- en tout cas sur ce sujet précis qui nous intéresse --, le petit doit courber l'échine et essayer de limiter les pots cassés de sa poterie vendue le dimanche. Cela a toujours été comme ça dans l'Histoire, celle-ci ne comptant que quelques exceptions de petits qui ont su s'organiser pour lutter efficacement. Les autres se sont tous fait balayer comme fêtus de paille.
C'est pourquoi, je reprends le conseil que je vous avais donné sur ce même blog le 5 décembre 2011 : CONSERVEZ PRECIEUSEMENT TOUS LES JUSTIFICATIFS DE FRAIS, même les plus sybillins. C'est-à-dire, texto en copier-collé du 05/12 dernier :
A partir du 1er janvier 2012, conservez précieusement les preuves de tous les frais inhérents à vos tournois et cash-games. Tickets de buy-in, emails confirmant vos inscriptions, billets de trains, d'avion, kilométrage de voiture pour calculer les indemnités kilométriques, tickets de péage et de carburant, nuitées d'hôtel, notes de restaurant... tous vos frais professionnels de poker, sans la moindre limitation.
Je renouvelle ce conseil, car nombreux sont ceux dont les gains en tournois et en cash-games sont en fait effacés par les frais, dégageant ainsi une perte. Ce serait trop bête de payer des impôts sur vos pertes ! Alors que le fisc, comme dans toute activité de BNC, devra considérer d'une part les recettes et d'autres part les charges, et ne vous imposera que sur la différence.