Le test poker vrai/faux de Mike Caro : FAUX
Ce n’est pas un quiz, en fait ce bon vieux Mike a déjà répondu aux questions pour vous, pour tenir compte des desiderata de ceux qui sont trop paresseux pour répondre à un quiz sous le chaud soleil d’août. Donc un grand merci, Mike.
La semaine dernière, c’était « vrai ». Voici maintenant la colonne "faux". Là encore ca secoue un peu, et c’est tout l’intérêt des articles de Mike :
Le groupe « Faux »
Tout ce qui est écrit ci-dessous est FAUX
1. Après environ 1.000 heures de jeu, les chances de chacun s’égalisent et les différences proviennent de la compétence des joueurs, non du hasard.
Ne vous attendez pas à ce que votre chance se lisse sur 1.000 heures. Ne vous attendez même pas à ce qu’elle se lisse sur votre vie entière. Même si vous receviez votre part moyenne de couleurs et de fulls, vous pourriez ne pas gagner ces coups selon la moyenne. D’autre part, toutes sortes de facteurs aléatoires influencent votre succès, parmi lesquels le cas où vous êtes prêt ou non à accepter une mise d’un million de dollars proposée par un étranger.
Votre boulot est simple, il est de tirer le plus possible des cartes que vous avez recues. Un joueur moyen assorti d’une malchance valant $50.000 dans l’année perdra $50.000 à la fin de l’année. Mais si vous acquérez des compétences valant $120.000 et si vous endurez la même malchance de $50.000, vous gagnerez la différence à la fin de l’année, soit $70.000. C’est le secret. Votre boulot n’est pas de vérifier si tout le monde reçoit des cartes d’une force moyenne égale sur le long terme. Votre boulot est de regarder les cartes que vous avez recues et de prendre les décisions les plus rentables.
2. En moyenne, les joueuses de haut niveau gagnent plus que les joueurs de haut niveau.
Pourquoi est-ce faux ? Cela ne vient-il pas contredire le point 1 de la semaine dernière ? Non pas. C’est la différence entre ce que beaucoup de femmes intelligentes sont capables de gagner et ce qu’elles gagnent réellement.
3. Le Hold’em limit implique plus de compétences que le no-limit.
Comment cela pourrait-il être vrai, même si on entend cela très souvent ? En no-limit, vous devez prendre les mêmes décisions quant à miser ou relancer, mais vous devez aussi décider de combien, ce qui n’est pas le cas en limit. Le seul argument qui pourrait donner raison à cette affirmation est qu’en no-limit, quand un joueur envoie le tapis, il n’a plus aucune décision à prendre ensuite, c’est le hasard qui décidera de son sort. Mais cet argument ne compense pas les autres.
4. En moyenne, les meilleurs joueurs professionnels de blackjack gagnent plus que les meilleurs joueurs professionnels de poker.
Il n’y a pas photo. Les meilleurs pros du poker gagnent beaucoup plus.
[FM : C’est indéniable, notamment du fait des méga-gains des gros tournois et le sponsoring. Mais aussi, en cash-game, les grands pros du poker savent choisir leurs parties et évitent celles à EV– ou EV+ faible. Néanmoins, quand on se situe dans les joueurs pro de moyenne importance, je n’en suis pas si sûr. Pour avoir été pro du blackjack, je peux affirmer que la variance est plus faible au blackjack et qu'on subit moins de tilt puisqu’on affronte un adversaire statique. Les décrochages psychologiques sont donc moins profonds et plus rares. Par ailleurs, si tant est qu’on joue à un rythme suffisant avec un système efficace maîtrisé, les résultats mensuels au blackjack sont rarement négatifs, ce qui est beaucoup moins vrai pour le pro du poker. En compensation, le blackjack est un jeu monotone et triste comme un jour sans pain.]
5. Vous pouvez gagner beaucoup plus en exaspérant vos adversaires et en les faisant tilter émotionnellement.
Les adversaires peuvent être exaspérés, mais ils décideront le plus souvent qu’ils n’y a rien d’amusant à perdre contre vous. Et quand ils décident cela, ils se mettent à mieux jouer.
6. N’importe quel joueur de classe mondiale a un avantage contre un ordinateur, parce que l’ordinateur n’utilise pas la psychologie.
Il n’est pas certain que l’ordinateur n’utilise pas la psychologie. Mais de toute façon, l’humain ne peut pas l’utiliser, donc – au pire – c’est à l’avantage de l’ordinateur. Si deux adversaires sont obligés de ne pas utiliser la psychologie, leur affrontement sera résolu à partir d’une simple base mathématique. Si l’ordinateur est programmé correctement, il ne perdra pas, quel que soit le niveau d’analyse psychologique de son adversaire.
8. Un système de mise qui prédétermine le montant maximum que vous pouvez perdre dans un jeu donné vous évite de perdre trop d’argent.
C’est faux pour tout jeu honnête dans lequel vous n’avez pas de handicap, auquel vous avez envie de jouer et où les adversaires sont battables. Plus vous jouez d’heures dans des conditions favorables, plus vous gagnerez. Vous gagnez un montant moyen par heure. Considérez cela comme un salaire. Plus d’heures travaillées, plus d’argent gagné – comme dans les autres boulots.
Voilà, c'en est fini de ce petit intermède avec le grand Mike Caro ! J'espère que cela vous a plu. En attendant, si vous êtes un des rares à ne pas connaître son livre Poker Arsenal, cliquez donc ici.