Le test poker vrai/faux de Mike Caro : VRAI
Mike Caro, un joueur de poker qui gagne toujours avec deux belles paires
Ce n’est pas un quiz, en fait ce bon vieux Mike a déjà répondu aux questions pour vous. En effet, en cette période de chaud été, il a pris en compte les desiderata de ceux qui sont trop paresseux pour répondre à un quiz pour pouvoir le faire eux-mêmes. Donc un grand merci, Mike.
Bon, alors commençons par la colonne « vrai » (la "faux" sera pour la semaine prochaine). Ca secoue un peu, et c’est toujours sujet à débat, comme d’habitude avec Mike :
Le groupe « Vrai »
Tout ce qui est écrit ci-dessous est VRAI
1. Les joueuses ont à leur disposition des outils psychologiques qui les rendent potentiellement capables de gagner plus d’argent que les joueurs.
Il y a quelques années, j’ai même écrit un livre sur ce sujet. Les joueuses peuvent exploiter des biais mâles à la table. Ces avantages n’ont pas d’équivalent chez les hommes. [Note de FM : Dans mon livre Poker Code publié en 2007, j’ai inclus un chapitre spécial intitulé "Les joueuses auront la peau des joueurs" où je détaille les 10 points féminins qui « tuent » les hommes.]
2. Les parties de high-low split [Omaha high-low, Seven High-low] requièrent moins de capacités psychologiques que les autres formes de poker.
Bien sûr. Il y est plus difficile de bluffer, de manipuler les adversaires médiocres, de lire des tells. En fait, il y a moins de tells. C’est parce que les adversaires tendent à penser qu’ils ont une échappatoire, même si vous les avez battus. « Tu m’as battu en haut ? OK. Alors je vais essayer le bas. » Cette sorte de pensée prévaut. En prenant leurs décisions, ils répondent moins qu’ils le font dans les parties « high only ». Ils se reposent davantage sur la texture de leur main et sur ce qu’impliquent vos cartes.
3. La plupart des joueurs pro de poker tiltent au moins une fois par semaine.
Triste mais vrai. Il s’agit de jouer son meilleur poker en permanence. Il y a des années, j’ai écrit un article intitulé « La loi de Caro du tilt minimum ». J’y expliquais que les joueurs de pointe semblaient observer un rituel dans lequel ils se mettaient à virer de bord en jouant des mains faibles trop agressivement. Mais dans la réalité, ils virent de bord vers le tilt. Et – parmi des pros de niveaux comparables – ce sont les joueurs qui gâchent le moins de temps à flamber et à mal jouer, sans pour autant que leurs adversaires s’en aperçoivent, qui s’en tirent le mieux. Ainsi, la Loi de Caro du tilt minimum est née, expliquant ce qui est totalement vrai sans que ce soit évident pour tout le monde – celui qui passe le moins de temps à tilter gagne le plus d’argent.
4. La plupart des joueurs qui se plaignent de perdre avec 6 fulls dans une session en perdent en réalité 3 ou moins.
Idem pour d’autres déclarations qui cherchent la sympathie adverse.
5. Si vous vous plaignez à un autre joueur de votre malchance, citant en exemple véridique un de vos bad-beats, votre interlocuteur va probablement relancer votre histoire avec une histoire encore plus triste.
Cependant, cette dernière histoire sera toujours fausse.
6. Beaucoup de joueurs aux tables $50-$100 et plus ne peuvent pas se permettre de jouer à ces limites et ne pourraient pas résister à 4 sessions vraiment perdantes d’affilée.
C’est le petit secret noir du poker. Venez à y penser, la plupart des joueurs à $100-$200 ne pourraient pas raisonnablement se permettre une partie à $40-$80 selon les normes qu’ils se seraient eux-mêmes imposées si vous le leur aviez proposé.
7. La majorité des joueurs de pointe actuels se sont retrouvés broke au moins 2 fois dans les 15 dernières années.
Ce qui les casse est (1) une bankroll trop faible (2) miser sur des paris sportifs et autres jeux (3) le tilt (4) la tricherie. Mais les joueurs pro rebondissent et renaissent de leurs cendres. Ils tendent à mieux jouer quand ils ont besoin de gagner – ce qui arrive après un broke, pour refaire leur bankroll.
8. Si vous les questionnez en-dehors du jeu, la plupart des adversaires vous dévoileront leur exacte manière de jouer si vous leur demandez comment ils auraient joué certaines situations imaginaires.
Ce fait incroyable m’a bien rapporté $100.000 au fil des années. Souvenez-vous de ne pas livrer vos opinions. L’idée est de les flatter. Ecoutez-les avec attention. Ils pensent qu’ils vous apprennent quelque chose sur la manière dont vous devriez jouer. Mais en réalité, c’est vous qui apprenez quelque chose sur la manière dont ils jouent, eux.
9. Ceux qui jouent gros donnent moins de pourboires, en moyenne, que ceux qui jouent moins gros.
Je ne sais vraiment pas pourquoi. Plusieurs théories circulent. Mais plus les limites montent et plus certains joueurs font fi des donneurs. Ils déclament, s’emballent, gémissent, pleurnichent et donnent rarement des pourboires. Il y a aussi une relation directe entre la grosseur de la partie et la férocité avec laquelle les cartes perdantes sont jetées vers le donneur. Jeu plus cher, cartes jetées plus fort = plus de jurons.
10. En hold'em, beaucoup de pros relancent trop préflop.
Toujours vrai après toutes ces années. Bien que je milite pour un style de jeu agressif, beaucoup de pros exagèrent leur agressivité préflop. Ils pensent qu’en relançant, ils vont éjecter les mains qui les auraient tués si elles étaient restées dans le coup. La vérité est qu’ils éjectent des mains qui leur auraient rapporté. Les adversaires qui ont de bonnes mains paient la relance de toute façon, alors que ceux qui ont des mains faibles – des mains qui auraient amené du profit en plus si elles s’étaient maintenues – son celles qui sont éjectées.
Le problème avec la tactique de la réduction du champ adverse est qu’elle limite aussi le champ des adversaires médiocres. Vous devriez seulement relancer (1) si vous avez un edge significatif (2) si votre relance sera difficile à lire ou les conduira à agir contre leurs intérêts (3) si vous avez une bonne opportunité de gagner le pot d’emblée, sans passer par un abattage qui s’annonce hasardeux.
C'est tout pour aujourd'hui. Vivement le groupe "Faux" avec le grand Mike Caro ! En attendant, si vous êtes un des rares à ne pas connaître son livre Poker Arsenal, cliquez donc ici.