Poker en ligne aux USA : 4% du potentiel couvert
On est assez navré de voir ce qui se passe pour le poker en ligne aux Etats-Unis actuellement. Seuls 3 Etats ont, pour le moment, régulé le marché : le Nevada (on s’en serait douté), le New Jersey (itou) et le Delaware (que certains disent paradis fiscal), comptant respectivement 3, 9 et 1 million d’habitants, soit 4% des 316 millions d’Américains.
Trois ans après le Black Friday, les lois passent à un pas de sénateur -- ce qui est logique finalement puisque ce sont des sénateurs qui les adoptent ! Mais enfin, de la part du pays dont le poker est le jeu national, c’est navrant et j’ai honte pour eux.
Il faut dire aussi que ces lois ont tout pour dissuader les investissements, et le joueur aussi. On s’en prend presque à préférer la loi française, pourtant si décriée, à juste titre ! Les Etats agissent ici comme des pays souverains, c’est-à-dire que pour moi qui vis à Trenton (New Jersey), je ne pourrai jamais affronter en ligne tonton Bob qui habite à Henderson (Nevada)… simplement parce qu’on ne fait pas partie du même réseau. Et il ne semble pas y avoir de mutualisation prévue des populations de joueurs, exactement comme c’est le cas aujourd’hui entre les joueurs francais et les joueurs italiens, par exemple. Sauf que dans le cas des USA, ils ont le même président !
Du coup, la factorisation des moyens est impossible et un opérateur qui s’installe dans un Etat doit recréer une autre structure dans un autre Etat s’il veut y opérer, au lieu de pouvoir centraliser ses services. Résultat : l’un des principaux opérateurs, Ultimate Gaming, vient de jeter l’éponge. D’autant plus que, mois après mois, son chiffre d’affaires s’entêtait à baisser, repoussant toujours plus loin l’échéance de l’équilibre, puis du profit. Et on parle ici du secteur des NTIC et du pays de la libre entreprise !
Quand on s’imagine aussi que Poker Stars n’est toujours pas revenu aux USA, on se dit assez chanceux en Europe, car quoi qu’on en dise, ce méga-opérateur (plus Winamax pour la France) favorise l’imagination fructueuse de la concurrence et tire les prix vers le bas. Outre-Atlantique, c’est un peu désertique semble-t-il, et j’imagine que Stu Ungar et Will Bill Hickok, pour ne citer qu'eux, se retournent dans leur tombe "en mode ventilateur", comme aurait dit Audiard. C’est tout juste si Poker Stars "aurait" lié des accords timides avec quelques tribus indiennes (je ne blague pas, elles ont une position privilégiée dans les jeux aux USA) pour préparer une vague opération en Californie… Etat où la loi n’est même pas encore passée, et ne le sera de toute façon pas avant un an.