Poker EPT : fin de partie à Deauville
Ognyan Dimov a tout lieu de se réjouir : il remporte le Main Event de Deauville et 543.700€,
et détient le dernier trophée deauvillais de l’histoire.
Cette fois c’est décidé : PokerStars abandonne Deauville dans le circuit de l’European Poker Tour. La nouvelle vient de tomber suite à la pire affluence jamais enregistrée dans le main event de l’EPT de la côte normande depuis la première édition en 2005 (en-dehors des saisons 1 et 2), à savoir 592 joueurs. Entre la saison 8 et la saison 11, le main event de Deauville a perdu une centaine de joueurs chaque année : 889-782-671-582 inscrits.
L’EPT a décidé en effet de privilégier les grosses étapes de plus de 800 joueurs, comme Barcelone qui a frôlé les 1.500 joueurs en septembre dernier, et de supprimer les petites – ce que Deauville est devenue, après avoir été la plus grosse étape du circuit quatre saisons de suite, de la saison 5 à la saison 8. Si l’on suit le raisonnement de PS, Londres devrait aussi être supprimée du prochain circuit EPT.
Par curiosité, j’ai porté sur un graphique les courbes de fréquentation des main events de Deauville, Londres et Barcelone, et le résultat est sans appel :
On note au passage que la promulgation de la loi de 2010 d’ouverture du marché (« ARJEL m’a tuer ») a marqué un arrêt de l’augmentation des participations à Deauville, suivi d’une chute.
J’éprouve un pincement au cœur en repensant à ce rendez-vous normand, frileux mais enthousiaste, devenu incontournable pendant plus de 10 ans, et en me souvenant, que, il y a encore quatre ans, la France était LE grand pays européen du poker, accueillant à la fois les WSOPE, le WPT et le Partouche Poker Tour, en plus d’autres circuits comme le PPT et le Joa Poker Tour (pardon pour ceux que j’oublie).
Le ressac général que subit le marché français du poker en est la cause, aidé largement par la fermeture progressive de la quasi-totalité des cercles et une réglementation française sclérosée qui interdit autre chose que le hold’em et l’Omaha, à l’heure où le poker chinois est en pleine expansion. Le fisc a aussi sa responsabilité, puisque non seulement la fuite à l’étranger des professionnels français est une réalité, mais les 4% supplémentaires payés par les joueurs sur les gains de tournoi a fini par créer des effets de boycott chez les pros, et on les comprend. Ce qui est rageant dans cette histoire, c’est que ledit fisc est tellement aveugle qu’il ne trouvera même pas à se plaindre de ne plus voir cette manne (comprise entre 150 et 300 K€) lui tomber dans les bras chaque mois de février.
Tout n’est cependant pas noir. Barrière va intensifier sa collaboration avec PS pour les France Poker Series, qui s’adressent à une clientèle nettement plus large de joueurs récréatifs et semi-pros, avec des buy-ins plus modestes (1.100€) mais toujours autant d’adrénaline. Ce circuit devrait trouver une plus grande place auprès, notamment, du Barrière Poker Tour et du WPT National, et aussi, bien, sûr, du Winamax Poker Tour, dans un format à part.
Il n’en reste pas moins que le glas du poker international joué en France vient de sonner.