Poker GUKPT de Londres : Hold'em £200
3e et dernier volet de cette virée britannique, et je me risque à un jeu de mots foireux : le poker c'est mon jeu d'élection (désolé je n'ai pas pu voter ce WE)
Je rappelle ce dernier galop : THNL £200+£20... avec 150 places dispo. Le main event a lieu demain, ce qui explique la présence de quelques huiles en mode entrainement. Salle pleine, et même on ira jusqu'à 159 joueurs avec le jeu de la liste d'attente. Bref, £31.000 à partager entre les 10 premiers (pas plus), dont £9.400 à la gagne.
J'ai insisté dans mon dernier CR sur la qualité de la poker room du "Vic", mais j'ai oublié un défaut : il n'y a que 2 écrans pour l'horloge de tournoi. Donc quand il y a 2 tournois en même temps (la finale de l'un et le 1er jour de l'autre), l'affichage est alterné... Pas facile pour avoir les infos quand on en a besoin... on a une chance sur 2... bref, c'est un coin flip ! A moins de procéder à la papa : on se lève, on compte les tables restantes et on fait une division pour avoir le tapis moyen...
Là encore, chose étonnante, ma table est de plus sérieuses. Juste un seul gars se fait éclater au bout d'une demi-heure en suivant une relance all-in avec seulement la paire max kicker max contre un brelan. Encore un qui n'a pas lu Sklansky... Ensuite, les choses se sont calmées et malgré les niveaux de 25 mn et le tapis de départ de 7.500 qui poussaient à des boucheries miniatures, les envois de tapis ne se sont réveillés que bien plus tard.
Dès le début, je tombe sur un os en la personne d'une blonde américaine qui vient d'avoir 18 ans. J'ai 7-7, je décide de suivre sa relance au bouton, les autres passent. Le tableau donne A-6-A-3-A, entrecoupé de quelques enchères. Je me vois beau avec mon full à la fin, j'attaque, elle paie, j'abats et elle abat 9-9... Je tombe à 5.000.
Plus tard, au 2e niveau, j'accroche une belle main qui était pourtant partie moyen : je relance en milieu de parole avec en total small ball. Le BB suit, les autres passent.
Arrive ce flop :
J'attaque, il paie. Ah ?
Turn :
Une tuile, celui-là je ne le voulais pas. Je poursuis l'attaque, fort de mon tirage foireux et de ma paire quatrième... Il paie encore ! Oh ?
River :
Genre carte que l'on n'attendait plus... Résumons-nous : il a suivi toutes mes attaques, sans relancer, alors il est hyper-polarisé et surtout un peu inconscient (il n'en a pas l'air pourtant et n'a rien prouvé de ce genre depuis le début, avec un jeu solide) : soit il a la quinte depuis le départ (possible après tout), soit il a accroché une paire, peut-être celle de Rois, peut-être deux... mais le coup est assez bizarre. Je ne veux pas qu'il m'envoie son tapis à la fin, mais d'un autre côté je bats la plupart des mains qu'il peut posséder... Bref, j'envoie 1.500, il réfléchit, finit par payer. J'abats... et il abat aussi, mais un jeu perdant : -- paire max + tirage depuis le flop. Pas si incohérent finalement, même s'il aurait pu contre-attaquer à la turn par exemple.
Deux autres coups empochés me remettent à flots et je termine le 2e niveau avec 12K, le plus gros tapis de la table. Table agréable dans l'ensemble, pas de fou furieux mais toujours de l'action, et un éliminé par tour de donne en moyenne... A ma droite se trouve un des vieux joueurs que j'avais à ma table hier, probablement l'homme le plus bavard du tournoi. Un vrai moulin à paroles ! Il entreprend de draguer la jeune blonde, c'est à mourir de rire. Il sort une feuille pliée en 8 de sa poche, toute effilochée, qui est un article écrit par Nolan Dalla pour le compte des WSOP en 2008. Il est fier de montrer qu'il était en finale d'un des tournois, comme le prouve l'article. Incroyable : ce joueur trimballe cet article avec lui depuis deux ans et le sort à chaque occasion pour se faire mousser ! Je n'en reviens pas...
L'homme reste cependant dangereux. Il me rappelle que je l'ai mis à genoux hier -- ce qui est vrai -- et qu'il n'allait pas se laisser faire aujourd'hui... Ah... Il est vrai que c'est le roi pour suivre les relances, et quand il touche il vous renvoie vos barrels dans le nez.
Au 3e niveau (75-150) arrive un coup contre la 2e femme de la table, une blonde d'une trentaine d'années qui passe son temps à jeter sa main. Depuis quelques coups, elle sort enfin du bois, contrainte et forcée par les blinds, et bien lui en a pris car elle a éliminé un joueur qui était à la ramasse et qui avait manifestement un rhume carabiné, avec son écharpe autour du cou.
A cet instant, il lui reste 6K et j'ai à peu près le double. Je suis en milieu de parole avec . Relance à 450. Tout le monde passe, sauf elle qui est au BB et qui suit.
Arrive ce flop :
J'ai la paire seconde. Elle checke, j'ouvre à 600, et elle envoie... 3K. Ouch ! C'est la moitié de son tapis. Là, je pose ma grenouille en pierre brillante (qui me sert de cap) sur mes cartes et je réfléchis. Par 2 fois déjà, je l'ai vue jouer les attaquantes au flop ou à la turn, mais elle ne m'a pas semblé très franche du collier. Elle travaille apparemment une image de joueuse hyper-serrée, pour se faire davantage respecter quand elle attaque gros. Sur ce coup, je pense qu'elle n'a rien. Elle pense que je vais jeter parce que j'ai A-Q ou quasi, et que sa relance m'empêche de miser pour la valeur. Il me reste une solution avec ma paire : la relancer à tapis. Certes, elle a juste 3K à ajouter, mais comme cela lui donne encore un M de 15 environ, elle peut encore jeter sans pour autant se condamner. Je table là-dessus et j'envoie mon tapis.
Elle part dans une longue réflexion, pour finir par jeter. Ce coup va me donner une belle image à la table tout en détériorant terriblement la sienne, et je vais pouvoir réussir plusieurs bluffs en position.
Les choses s'accélèrent, la partie s'échauffe, les tapis commencent à voler. Au niveau 100-200+25, le tapis moyen est de 12K environ et déjà certains tapis grimpent, dont le mien qui atteint 26K, chip-leader de ma table. Arrive un coup charnière.
J'ai une main que j'aime bien, . Je suis au BB, tout le monde passe sauf le SB qui relance à 600. C'est l'homme à l'article effiloché ! Je paie. Arrive ce flop :
Check-check. (Je sais, j'aurais pu ouvrir, mais face à ce joueur c'est peu utile : il m'aurait payé, d'autant qu'il a un tapis égal au mien. Je préfère voir une turn gratuite.)
Turn :
Mieux : j'ai le tirage à quinte. Il checke, et j'attaque à 1.100. Il paie.
River : Turn :
Je n'aime pas cette carte mais... Il attaque à 2.200, et je trouve cette ouverture curieuse. S'il avait touché ses As, pourquoi envoyer si cher ? Je n'y crois pas du tout. Je veux arracher ce coup et je contre-attaque à 5K. Il réfléchit en grommelant. C'est sûr, il n'a pas l'As... il se prépare à passer... Puis il paie finalement. Je jette mes cartes évidemment, et il me montre, très fier, 9-9 ! Il a mis le tiers de son tapis sur ce coup hyper-dangereux avec la 3e paire seulement...
Je reconnais que mon attaque était osée, mais finalement ma lecture était bonne : il n'avait pas l'As, pas le Roi non plus...
Ce coup perdu me pompe beaucoup de jetons et je reviens un peu au-dessus de la moyenne des tapis. Je reste calme, j'en ai vu d'autres. Néanmoins j'ai longtemps repensé à ce coup : avec mon avance en jetons, il aurait été tellement plus simple de jeter ... Je crois que j'ai trop joué le bonhomme...
Commence alors une traversée du désert redoutable en matière de cartes Jusqu'au niveau 600-1200+100, je ne participe à aucun coup important et mon tapis fond lentement. Le turn-over est important à la table et nous ne sommes plus que 4 des joueurs de départ, comme par hasard ceux du tournant des places 7 à 10, dont moi, l'homme à l'article et la jeune blonde. Il reste 35 joueurs en tout et on sent que la tension monte.
Enfin, je recois une main jouable à l'avant-bouton, A-Q. J'envoie 2.600, mais mon voisin de gauche envoie son tapis de 30K environ. Il ne joue qu'avec de très bonnes cartes, il peut avoir A-K mais pas A-J, ou une paire genre T-T. Bref c'est un mauvais cas, je passe et il me reste seulement 7K. Il me montre A-A. Ouf...
Je dois absolument envoyer dans les 3 ou 4 coups pour essayer de doubler et repartir à la charge ensuite, avant de repayer les blinds. Car après un coup énorme qui a éliminé deux petits tapis en une fois, je me retrouvé plus petit tapis de le table.
Deux coups suivants, je reçois Q-T. Les gros tapis ont passé, je me dis que cette main peut suffire pour envoyer, et même si elle est payée elle peut se défendre. Dans cette situation, je ne peux plus faire dans la dentelle. J'envoie donc. Une fois de plus, mon voisin de gauche envoie à son tour. Là, je sais qu'il est forcément meilleur que moi, ou il serait coin-flip avec 7-7, 8-8 ou 9-9... Les autres passent. Il abat A-K. Ouch ! C'est du 2 contre 1...
Le tableau est cruel : , jusqu'au bout j'ai cru à la quinte qui n'est pas venue... C'est ainsi que j'ai sauté 35e de ce tournoi... Je n'ai pas cashé cette fois, j'en ai pris le risque en faisant cette série de comptes rendus, mais c'est toujours du poker et je reviendrai bien sûr à Londres. Vous aussi j'espère, car il est possible de passer un long week-end dans la ville de Sherlock, dont un ou deux tournois, et quelques balades dans Soho, les musées ou les parcs. Le Victoria est à deux pas d'Oxford Street et de Regent Street, qui sont les deux rues les plus commerçantes d'Europe (si cela ne vous intéresse pas, cela peut intéresser votre copine).
Pour y aller, c'est simple si vous venez de Paris : TGV jusqu'à St-Pancras International, puis métro jusqu'à Marble Arch (15 mn avec un changement). Le Victoria est au 150 Edgware Road, à 5 mn du métro. Ils adorent les Francais depuis qu'on leur a mis la pâtée hier au rugby Blague à part, je rappelle que le poker y est bon et l'organisation aussi, et c'est toujours un plaisir de jouer contre des gens que vous n'avez à peu près jamais vus. Autre avantage : rares sont les Francais qui jouent là-bas, donc vous serez vraiment dépaysé...
Avant de repartir à mon hôtel (en fait, un bed & breakfast, le Griffin, £55 la nuit, sur Connaught Street), je m'attarde une dernière fois à la table de blackjack à £25. Une fois de plus, seuls 3 joueurs y sont, récréatifs comme je les aime : pas de prise de tête. Dès le départ le sabot joue contre moi, puis après une chute de £150, virage à 180° : je gagne 2 doubles, et ma mise montante rapporte, au point qu'à la fin du sabot, je compte mes jetons : je suis devant de £125. Avec mon gain d'hier, le blackjack a payé les frais, aussi je me lève, j'encaisse et je rentre (je suis devenu un gagne-petit au blackjack depuis que je ne suis plus pro !)... et j'écris ce post avant de me coucher. A bientôt pour de nouvelles aventures...