"Poker Power" 2/6 : Todd Brunson
Après l'extrait d'Evelyn Ng, voici celui de Todd Brunson, du livre Poker Power qui paraîtra le 29 janvier !
Todd Brunson est le fils de Doyle (l'auteur de l'indispensable Poker Super System). D'ailleurs, il a écrit pour ce même livre le chapitre consacré au Seven high-low. Au fil des ans, il a réussi à se faire un prénom, ô combien, puisqu'il figure parmi les premiers joueurs de cash-games du monde. Habitué du "Big Game" du Bellagio, c'est aussi un joueur de tournois rédoutable qui a accumulé plus de 3 millions de dollars de gains. Dans Poker Power, Todd dévoile ses secrets de joueur de cash-game aux enjeux élevés. Avec une rigueur implacable, toujours mâtinée de sa gouaille habituelle, il met en avant des concepts que seuls quelques gros joueurs exploitent. Dans le chapitre ci-dessous, extrait de son intervention de ce livre, Todd nous parle des mains-pièges et de leur degré de dangerosité.
Les mains-pièges
Une main-piège est une main susceptible de vous donner au flop le deuxième meilleur jeu. Plus vous êtes novice au poker, plus vous devez éviter de payer des relances préflop avec ce type de mains. Un joueur expérimenté est souvent capable de lire son adversaire et de jeter des mains à problèmes ou des mains-pièges quand il se sait battu. Cependant, si vous manquez d’expérience, vous devez éviter ces situations autant que possible. En évitant les mains-pièges, vous réduisez au mieux vos prises de décision difficiles, ainsi que vos risques.
Souvent, mais pas toujours, le deuxième meilleur jeu est dominé par le meilleur jeu.
Main-piège n°1 – une main dominée :
Main-piège n°2 – une main légèrement favorite :
Dans l’exemple n°1, le Joueur n°2 est totalement dominé. Il ne peut gagner qu’en touchant un Valet, il est donc donné perdant à 10 contre 1.
Dans l’exemple n°2, le Joueur n°1 a de nouveau le meilleur jeu, mais cette fois, il n’est que peu favori. Le Joueur n°2 a beaucoup d’outs : un Cinq, un Sept, un Huit ou un Dix améliorerait sa main. Le Joueur n°1 pourrait encore améliorer au cas où le Joueur n°2 toucherait un Huit et aurait ainsi deux paires, mais le Joueur n°2 deviendrait alors favori.
Inutile d’être favori à 10 contre 1 pour dominer un adversaire. Alors qu’il n’y a pas de règle officielle concernant la cote minimum, je situerais celle-ci à environ 2,5 contre 1 ou davantage. Vous êtes en général dominé quand vous êtes face à une paire supérieure ou partagez une carte mais avez un kicker inférieur, particulièrement si vous touchez une paire avec cette carte commune. Si vous avez un jeu fait sans tirage supplémentaire et êtes face à un meilleur jeu fait, ou si vous avez un brelan inférieur à un autre brelan, vous êtes totalement dominé et empêtré jusqu’au cou.
Main-piège n°3 – une main faite contre une main faite supérieure :
Main-piège n°4 – brelan contre brelan :
Quand vous flopez la quinte par le bas, vous devez toujours être très prudent.
Inversement, quand vous flopez le plus petit brelan, vous ne devez généralement pas sortir du coup à moins que vous et votre adversaire n’ayez une tonne de jetons et que vous connaissiez bien votre adversaire. En général, vous devez jouer votre jeu comme s’il s’agissait du jeu max, à moins qu’il n’y ait une couleur ou une quinte possible au tableau. Si vous jouez à plein temps (2.000 heures par an), vous ne vous retrouverez qu’une ou deux fois dans l’année dans une situation de confrontation de brelan contre brelan, alors n’y pensez même pas.
Les mains-pièges et celles qui les dominent
Ce qui suit est un bref exposé de certaines des pires mains-pièges accompagnées des mains qui les dominent, ainsi qu’une courte explication des problèmes que vous pouvez rencontrer avec ces mains si vous êtes relancé et envisagez de suivre.
Note :
Notez que je n’ai pas intégré A-Q à cette liste. Il y a dix ans, j’aurais classé cette main comme la main à problème numéro un. Mais les temps changent. Avec l’avènement du poker sur Internet et le flot de joueurs imprévisibles sur les tapis verts, je ne considère plus A-Q comme une main-piège, mais comme une main de première catégorie. Faites quand même attention avec cette main si un joueur super-serré relance avant vous.
Beaucoup de mains-pièges que je n’ai pas indiquées dans cette liste ne devraient jamais être jouées face à une relance sans une très bonne raison. Toute main avec une grosse carte accompagnée d’une carte intermédiaire ou d’une petite carte est tout simplement injouable. Une exception pourrait être un As accompagné d’une petite carte assortie, mais elle reste marginale. Vous auriez alors probablement besoin de plusieurs suiveurs déjà dans le pot avant vous pour qu’il soit correct de suivre.
Les mains injouables dans les coups relancés
Voici certaines mains que je n’ai pas ajoutées à la liste principale avec lesquelles vous pourriez être tenté de suivre une relance :
– K-8 assortis ou dépareillés
– Q-9 assortis ou dépareillés
– A-8 dépareillés et moins (A-7, A-6, etc.)
– J-9 dépareillés
– J-8 assortis ou dépareillés
– J-7 assortis ou dépareillés
Il peut convenir de relancer avec ces mains si aucun joueur n’est entré dans le coup avant vous, mais jamais de payer des relances avec ces mains. Je sais, on ne doit jamais dire jamais. Et je suis certain que beaucoup d’entre vous ayant lu cela vont me voir ensuite à la télévision faire le contraire. Si c’est le cas, dites-vous que j’ai une bonne raison de le faire. Il ne s’agit que de règles générales. D’ailleurs, comme le grand Doyle me le répétait encore et encore quand j’étais petit : “Fais ce que je dis, pas ce que je fais, p’tit con !”
© Fantaisium 2010. Traduction Samantha Delmas. Tous droits réservés.
Extrait du livre Poker Power qui paraitra le 29 janvier 2010. Les autres articles sont des extraits signés Evelyn Ng, Erick Lindgren, Paul Wasicka, David Williams et Daniel Negreanu.