"Poker Power" 4/6 : Paul Wasicka

Publié le par FMontmirel

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Voici le 4e des 6 extraits de ce livre si attendu qu'est Poker Power, à paraître le 29 janvier !

Paul Wasicka restera cet éternel second du plus grand prize-pool de l'histoire du poker, celui du main event des WSOP 2006 gagnées par le terrible Jamie Gold... Néanmoins, après cette performance, et au contraire de Jamie, Paul a poursuivi ses tournois et a accumulé de nombreux succès... au point d'avoir plus de 7 millions de gains en compétition. Dans Poker Power, Paul explore dans leurs moindres détails les cash-games short-handed sur internet, ces parties où l'on est 5 ou 6 autour de la table. Si vous vous y risquez et jouez comme en table pleine (9 ou 10 joueurs), c'est la cata assurée. Paul, lui, explique dans ce chapitre comment les transformer en véritables sources de revenu régulier. Dans l'extrait qui suit, Paul aborde la question des joueurs avec petit tapis.


Les joueurs avec petit tapis

Je ne me cave pas au minimum et je ne considère pas que le faire soit véritablement jouer au poker, mais c’est une caractéristique fréquente du paysage des tables à six joueurs maximum dont vous devez être averti. Au fond, les joueurs avec un petit tapis cherchent à jouer les coups à pile ou face lorsqu’ils sont légèrement favoris. Leur jeu consiste à mettre tout leur argent préflop.

Leur stratégie fondamentale est de s’asseoir avec environ un cinquième de la cave maximum, d’attendre d’avoir une main décente, qu’il y ait un peu d’argent dans le pot, et de pousser alors au milieu tous leurs jetons. Ils attendent d’avoir un léger avantage et recommencent l’opération aussi souvent que possible. Ils jouent principalement les pourcentages, essayant d’augmenter leur espérance de gain (EV) dès que c’est possible. Utiliser la stratégie short-stack est difficilement rentable contre des adversaires avertis. Il s’agit d’une approche constante, donc prévisible, ce qui est par définition l’antithèse d’une bonne stratégie au poker.

Pourtant, bon nombre de bons joueurs de poker ne savent pas bien s’y prendre pour contrer les joueurs avec un petit tapis. Quand un joueur short-stack fait tapis, certains joueurs font l’erreur de se dire : “Oh, ce n’est que $50” et suivent donc avec une main médiocre.

Tous les joueurs avec un petit tapis ne se comportent pas de la même manière, mais ils opèrent habituellement en suivant à peu près le même schéma. Comme contre n’importe quels joueurs, le meilleur moyen de les battre est de découvrir l’éventail de mains qu’ils jouent et d’utiliser cette information contre eux. Certains joueurs avec un petit tapis jouent relativement serré. D’autres jouent un éventail de mains plus large. Certains relancent 100% du temps lorsqu’ils sont de petit blind et que tout le monde a passé avant eux. Si je sais qu’un joueur avec un petit tapis agit ainsi, je sur-relance 100% du temps en étant de gros blind. Même si je suis payé alors que j’ai une main atroce, le joueur avec un petit tapis sait qu’il ne peut plus continuer d’attaquer inexorablement mon blind. Ce qui a en soi de la valeur sur le long terme.

Les joueurs avec un petit tapis accordent une très grande importance à la position. Ils ne peuvent pas se permettre de gaspiller des jetons, ils sont donc beaucoup plus enclins à jouer les mains de première catégorie en étant premier de parole. De même, ils respectent votre position. En d’autres termes, si vous relancez en premier de parole et qu’un joueur avec un petit tapis envoie son tapis après vous, il est beaucoup plus susceptible d’avoir une main de première catégorie que si vous étiez en fin de parole.

Moins mon adversaire se cave, plus je diminue le montant de ma relance d’ouverture parce qu’il est très courant qu’un joueur avec un petit tapis se mette all-in ou passe. Très souvent, je n’ai pas la main suffisante pour pouvoir payer son tapis, donc en diminuant le montant de ma relance d’ouverture, j’économise un peu d’argent lorsque je dois passer. Répétez ce scénario 500 fois et vous ferez une économie substantielle.

Inversement, vous pouvez avoir une main convenable, mais avec laquelle vous ne souhaitez pas vraiment faire tapis préflop. Le joueur avec un petit tapis fait une mini-relance et vous suivez simplement avec K-Q. J’aime juste suivre ici parce que les joueurs avec un petit tapis ne sont pas très bons pour jouer au poker post-flop. Si c’était le cas, ils s’assiéraient avec plus d’argent devant eux.

Le meilleur moyen de contrer les joueurs avec un petit tapis est de les battre à leur propre jeu. Vous verrez souvent les joueurs avec un petit tapis faire de mini-relances préflop. N’en déduisez pas pour autant que leur main est faible et ne poussez pas vos jetons. S’ils font une mini-relance quand vous avez une main que vous avez bien l’intention de jouer, faites vous-même une mini-sur-relance. Cela les forcera à investir plus de jetons dans le pot compte tenu de la cote du pot. Ils seront forcés soit de jeter à tort leur jeu – auquel cas vous remportez le pot sans rencontrer de résistance (la situation idéale) –, soit ils feront tapis, ce qui est bon aussi pour vous. Le fait qu’ils vous suivent vous convient parce que vous irez jusqu’au bout avec votre main quel que soit le flop.

Par exemple, supposons que vous ayez A-Q à une table à $10/$20. Un joueur avec un petit tapis ayant $400 devant lui, placé avant vous, mise $40. Très souvent, dans une situation comme celle-là, je mise alors $80. Si mon adversaire fait tapis, je suis heureux de suivre. S’il suit simplement, selon la texture du flop, soit je mise pour m’embarquer dans le pot, soit je fais tapis. Souvenez-vous qu’il y a $190 dans le pot et qu’il ne lui reste que $320 devant lui.

Une fois que j’ai suivi, je suis très susceptible de faire un check-raise à tapis sur presque n’importe quel flop. Avec $80 dans le pot, vous pouvez vous attendre à ce qu’un joueur avec un petit tapis mise entre $50 et $60, qu’il ait ou non une main. La plupart du temps il n’aura rien. Les chances qu’il abandonne sont très grandes et vous aurez généralement assez d’outs pour que cette action soit rentable sur le long terme, même si vous êtes payé.

Ce n’est pas la seule stratégie contre un joueur avec un petit tapis, mais la leçon à retenir ici est d’emmener un joueur avec un petit tapis hors de sa zone de confort. Mettez la pression sur les joueurs avec un petit tapis et ne vous exposez pas préflop plus que nécessaire.


Isoler un joueur possédant un petit tapis

Très souvent, un joueur avec un petit tapis relance lorsqu’il n’y a eu qu’un suiveur avant lui préflop. Si j’ai une main convenable avec laquelle j’ai l’intention d’affronter le joueur avec un petit tapis (quelque chose comme 7-7), je fais ici une petite sur-relance. Je suis manifestement embarqué pour jouer contre le joueur avec un petit tapis, mais si le suiveur fait tapis et que ce tapis est important, je peux toujours passer. Je joue également ainsi avec une main énorme, le suiveur ne peut donc pas présumer que je vais passer s’il bouge.

© Fantaisium 2010. Traduction Samantha Delmas. Tous droits réservés.


Extrait du livre Poker Power qui paraitra le 29 janvier 2010.
Les autres articles sont des extraits signés Evelyn Ng, Todd Brunson, Erick Lindgren, David Williams et Daniel Negreanu.

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Publié dans Livres

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