Résultats du sondage "6 mois d'Arjel" (2/2)
Nous avons vu dans la première partie des résultats de ce sondage les impacts de la loi jugés positifs par les sondés. Maintenant, nous passons à la fin du questionnaire, à savoir les impacts jugés négatifs et les propositions.
Important : Si vous souhaitez citer tout ou partie des résultats de ce sondage dans un article, un périodique, un blog, etc., je vous demande de citer la source, à savoir mon blog, www.Over-Pair.com.
Question 4 : Quels sont, selon vous, les effets négatifs apportés par cette loi ? (maximum 5)
– Rake plus fort : 61%
– Baisse du nombre de joueurs : 52%
– Marché cloisonné : 35%
– Trop de temps d'attente pour les SNG : 30%
– Niveau de jeu plus faible : 26%
– Enormes gains devenus impossibles : 17%
– Lots plus faibles dans les tournois : 13%
– Suppression de variantes : 13%
– Echanges avec joueurs étrangers devenus impossibles : 13%
– Disparition des rakebacks / bonus - 1
– Manque de transparence sur l’impôt payé - 1
– Trop de contrôles sur la personne (banque etc.) - 1
– Pas encore assez de contrôles sur les sociétés du marché - 1
– Confusion dans les bonus - 1
Commentaire : Avant de développer, nous constatons que les sondés se mettent plus volontiers d’accord sur les inconvénients que sur les avantages de la loi. En effet, le plus gros avantage est partagé par 35% d’entre eux, alors que le plus gros inconvénient l’est par 61%. En nombre, cependant, les sondés identifient à peu près autant d’avantages que d’inconvénients, soit 15 contre 14.
Il fallait s’y attendre, les joueurs de poker sont sensibles du portefeuille ! 61% des sondés souffrent du rake augmenté du fait de la taxe étatique de 2%. C’est sur ce point-là que la loi les a le plus déstabilisés.
52% se plaignent aussi de la baisse brutale du nombre de joueurs, imputable à l’obligation de ne jouer qu’entre Français. Cette baisse est un vrai problème car elle conditionne en même temps la variété et le volume de l’offre de parties de poker en ligne. C’est un point qui oppose le poker et les paris en ligne. Un site de paris peut proposer tous les paris qu’il veut, ce sera la même offre, qu’il ait 1 ou 10.000 clients. Un site de poker, non. S’il n’a qu’un client, il n’y aura pas d’offre, un point c’est tout. S’il en a 10.000, ceux-ci vont se répartir sur des tables à diverses mises et structures, ce qui attirera du même coup d’autres joueurs qui cherchent à diversifier leurs émotions et leurs expériences. C’est le volume de la clientèle qui crée la richesse du produit.
Plus du tiers de nos sondés souffrent aussi du marché cloisonné qu’est devenu le poker en ligne français. A l’heure de l’Europe et de la libre circulation des personnes dans le monde, les Français sont condamnés à jouer entre eux au poker et ils le ressentent mal.
L’augmentation du temps d’attente pour jouer aux Sit&Go (tournois démarrant dès qu’il y a suffisamment d’inscrits) est déplorée par 30% des sondés. C’est une conséquence directe de la baisse du nombre de joueurs, déjà signalée.
26% des sondés estiment que le fait que les joueurs soient devenus plus faibles en moyenne constitue un inconvénient. Or rappelez-vous, ils sont aussi 22% à considérer cela comme un avantage ! C’est une des grandes contradictions de ce sondage, et c’est un point qu’il est difficile de trancher, même si, de prime abord, on peut se dire qu’affronter un débutant rapporte plus qu’affronter un aguerri… Encore une fois, tout dépend de l’adaptation que l’on fait subir à ses tactiques de jeu…
Les « gains énormes » font partie intégrante du « rêve » du joueur de poker. Empocher un gain qui change soudain votre vie est un but que se donne secrètement chaque joueur. Hélas, la nouvelle loi, rétrécissant le nombre de joueurs, rétrécit proportionnellement les gains des tournois, ce que déplorent 13% de nos sondés.
La suppression des variantes pour des raisons légales (seuls le Hold’em et l’Omaha sont autorisés) est aussi un problème signalé par 13% des sondés. Ils souhaiteraient tellement pouvoir à nouveau rejouer au badugi ou au Stud à 7 cartes !
13% des sondés regrettent de n’avoir à échanger qu’entre Français, et de ne plus le faire avec des joueurs étrangers. Le temps où ils conversaient dans le « chat » avec un Australien, un Coréen ou un Chilien est désormais révolu. Cela peut paraître anecdotique, mais il y avait un véritable plaisir à partager le même engouement pour le poker avec des étrangers. Sur des tables internationales, beaucoup de joueurs avaient le sentiment de défendre les couleurs de leur pays, et cela ajoutait une dimension à leur jeu, dimension désormais perdue.
Parmi les inconvénients signalés de manière isolée, on trouve la disparition des rakebacks, ce retour de commission qui, généralement, augmente avec le volume de jeu. On trouve aussi un manque de transparence sur l’impôt payé. Certains joueurs souhaiteraient que, sur chaque pot joué, le rake de la room et la part de l’état apparaissent clairement à l’écran.
Un sondé déplore les contrôles sur la personne à l’inscription, qu’il estime excessifs et intrusifs. Un autre estime que la loi n’impose pas assez de contrôles sur les organisateurs de jeu.
Enfin, un autre signale que, selon lui, les conditions de bonus ne sont pas assez claires d’une room à l’autre et qu’il faudrait qu’elles soient présentées de manière identique pour tous. Qu’il se tranquillise, les bonus seront bientôt interdits par la loi, ce qui règlera son problème.
Question 5 : Avez-vous essayé de contourner ou de lutter contre cette loi ? Si oui, comment ?
– Non : 91%
– Oui : 9%
Commentaire : Il n’y a pas à s’étonner de la réponse, car entre les joueurs qui enfreignent la loi sans l’avouer et ceux qui ne l’enfreignent pas, on peut estimer que les 9% reflètent probablement la proportion nationale (cet avis n’engage que moi). Encore que plus le temps passe, plus les « anciens » joueurs online se font diluer en proportion par les nouveaux entrants, et moins, toujours en proportion, les contournements de la loi sont nombreux.
Reste qu’un joueur disposant des ressources techniques peut obtenir une adresse à l'étranger en utilisant des serveurs étrangers, et maintenir ainsi son gagne-pain tel qu’il était avant la loi en jouant sur les rooms en .com. Notons que c’est aussi le cas des joueurs français qui possèdent un poste internet hors du territoire français, et je crois savoir qu’ils sont nombreux.
Question 6 : La loi devra être revue fin 2011-début 2012. Quels sont, selon vous, les principaux changements qu'il faudrait y apporter ? (maximum 5)
– Diminution / abandon de la taxe sur le rake : 26%
– Accès à des marchés étrangers régulés, comme l’Italie : 17%
– Acceptation de joueurs étrangers sur les rooms en .fr : 13%
– Instaurer d’autres variantes : 9%
– Contrôle plus fort des générateurs de hasard : 9%
– Baisse de la taxe sur le heads-up : 9%
– Suppression de la taxe quand le coup s’arrête avant le flop : 9%
– Suppression de la taxe sur les micro-limites – 1
– Création d’un médiateur - 1
– Responsabilisation de la room en cas de hackage - 1
– Suppression de la pub à la télé - 1
– Ouverture à plus de rooms - 1
– Instaurer une taxe sur les gains au lieu du rake - 1
– Accès aux .com moyennant une taxe de plus - 1
– Réduire les contrôles sur la personne - 1
– Autoriser l’accès aux .com seulement sur les gros tournois - 1
Commentaires : Parfaite cohérence dans les réponses, puisque dans les propositions l’on trouve en tête (26%) l’élément qui est aussi en tête des inconvénients posés par la loi, à savoir le montant du rake. Pourtant, le sondage montre que les joueurs sont sensibles à l’avancée que la loi apporte, notamment en matière de sécurité et de transparence. Pour autant, les sondés estime que payer 2% sur chaque pot, même avec un plafond à 1€, cela demeure trop cher.
La proposition qui arrive en second porte sur l’ouverture aux marchés déjà légalisés, comme l’Italie. C’est un prolongement qui semble tellement logique… mais qui serait tellement difficile, à la fois techniquement et légalement, à appliquer ! De surcroît, elle ne concernerait que les marques leaders, comme PokerStars et FullTilt. Prenons l’exemple d’un cash-game avec des Italiens et des Francais. Quand un Français gagne, il paie 2%, et quand c’est un Italien, il lui serait commissionné le taux en vigueur en Italie ? Cela paraît difficile. Il y a peut-être des solutions… Elle sont souhaitables pour les joueurs, mais les gouvernants, eux, n’ont aucun avantage à accepter cette réciprocité, qui est une incitation supplémentaire à jouer de l’argent.
En troisième lieu arrive le souhait d’accepter des non-Français sur les room en .fr. Sauf erreur de ma part, je crois que c’est déjà le cas mais j’ignore si cela est généralisé. Si cela est si peu visible dans les rooms en .fr, c’est parce que je vois mal quel argument on peut donner à un étranger pour jouer dans une room en .fr…
Ensuite vient le souhait d’instaurer de nouvelles variantes, déjà cité, et une vieille lune, qui est le meilleur contrôle des générateurs de mains au hasard. Il est amusant de voir qu’après tant d’années de polémiques et d’efforts d’audit et techniques, cette question demeure auprès des utilisateurs. Qu’ils se rassurent : c’est le véritable hasard qui procède aux tirages de cartes, il n’y a aucune malice ni malhonnêteté, surtout dans le cadre français qui est l’un des plus serrés du monde. Je peux comprendre qu’un joueur qui se prend trois bad-beats dans le nez en un quart d'heure de jeu se pose des questions, mais ce ne sont que des questions, il n’y a rien de personnel.
Arrivent ensuite deux points tout à fait intéressants : la baisse de la taxe pour les heads-up et l’annulation de la taxe pour les coups qui n’atteignent pas le flop. J’estime que ces deux propositions peuvent trouver grâce aux yeux de l’appareil législatif, dans la mesure où elles s’expliquent d’une manière logique.
Sur les propositions faites de manière isolée, j’en retiens cinq :
– Suppression de la taxe sur les micro-limites. Cela rejoint la proposition concernant la taxe non comptée pour les coups se terminant préflop. Elle se comprend d’ailleurs mieux pour les micro-limites, je trouve. J’avais déjà signalé dans un article de mon blog que ce plafond faisait payer davantage (en proportion) les micro-limites que les limites moyennes et fortes. C’était donc une incitation à jouer plus gros, ce qui contrevient à l’esprit de la loi, qui est d’essayer de contenir la propension au jeu. Ce point de la loi, au contraire, pousse à jouer PLUS GROS. L’aménager de la sorte pousserait, au contraire, à jouer plus petit, et le manque à gagner fiscal serait compensé par une meilleure efficacité de la loi.
– Suppression de la pub à la télé. Il est vrai que les campagnes télé se font agressives et que ce média ultra-puissant peut véhiculer autre chose que des incitations à jouer en ligne. « Trop de pub tue la pub » disait Séguéla. D’autant qu’à la longue, le public peut être écœuré et prendre le poker en grippe. La suppression peut être partielle, par exemple en journée, la publicité pouvant alors intervenir dans les écrans de deuxième partie de soirée et de nuit. Le report de communication se ferait alors sur d’autres médias puissants, notamment l’affichage, la radio, la presse et internet.
– Instaurer une taxe sur les gains au lieu du rake. Cette proposition pleine de bon sens m’a fait sourire. Pourtant, on a la même chose dans le jeu en bourse : on n’est taxé annuellement que sur les plus-values finales pour chaque valeur prise isolément. Ce ne serait pas idiot, quand un joueur ferme la session, qu’il soit prélevé immédiatement de 2% de ses gains nets. Les perdants ne paieraient pas de surtaxe, juste la commission du site.
– Accès aux .com moyennant une taxe de plus. Voilà qui pourrait plaire au fisc,mais hélas je crains que cela soit totalement impossible pour des raisons de périmètre d’action. « Vérité jusqu’aux Pyrénées, mensonge au-delà ». Pourtant, si l’on s’en tient juste à la version .com des rooms en .fr, il devrait y avoir moyen de faire quelque chose. En combinant cette idée avec l’idée précédente, le site pourrait par exemple retenir 2% des gains du joueur à chaque fin de session.
– Autoriser l’accès aux .com seulement sur les gros tournois. On retrouve l’idée précédente, limitée cette fois aux gros tournois. Et pourquoi pas ? Je trouve cette idée séduisante, parce que le fisc y trouverait son compte et les joueurs aussi, d’autant que techniquement, ce ne doit pas être sorcier pour la room en .fr que d’inclure dans son lobby ses gros tournois internationaux.
Beaucoup d’idées donc, et j’en profiterai pour faire suivre les résultats de ce sondage éclairant à l’Arjel.
Comme promis, 5 des sondés ont gagné le livre Poker Cash 3 Online : Laurent, Jacques, Alexandre, Emmanuel et Nicolas.