Rêve de poker : le "Millionnaire Maker" des WSOP
Le « Millionnaire Maker – Winner to receive One Million » des WSOP vient de se terminer ce matin à 10h heure de Paris, et c’est Jonathan Gimmig d’Amherst (New York) qui remporte le premier prix de 1,3 million de dollars, Jeffrey Coburn de Chino Hills (Californie) devant se contenter de $815.000. Le buy-in était de $1.500.
Ce tournoi se voulait démocratique, et il l’a été, car parmi les 7.977 inscrits qui se sont partagé les $10.768.950 de dotation, bien peu de noms connus ont percé.
Gimmig et son fan-club
Coburn quelques minutes avant la chute finale : ça sent le sapin
Le million garanti à la gagne était la carotte offerte par les organisateurs. Pas gagné d’avance, mais on s’aperçoit après coup qu’ils avaient totalement raison puisqu’un tournoi comparable, le tournoi n°4, avec un buy-in de $1.000, donc encore moins cher mais sans garantie, n’a réuni « que » 2.223 joueurs ! La force de l’appât du gain… Cette année, nous aurons le même effet avec les 10 millions garantis au vainqueur du Main Event. Nul doute que cette promesse permettra de casser la tendance baissière qui prévaut depuis 5 ans dans le nombre d’inscrits du tournoi phare. Rendez-vous le 7 juillet…
Astucieuse, cette gagne garantie. Elle se distingue des prix garantis sur internet qui, eux, concernent l’ensemble de la dotation. Dans le cas des WSOP, on ne garantit que le premier prix. De cette manière, si le nombre d’inscrits est plus faible que prévu, la garantie est tenue, et le manque à gagner est réparti sur les autres joueurs. L’honneur est sauf de toute façon, et l’effet attractif reste aussi fort. Quand les recettes commerciales des lessiviers s'appliquent au poker, le résultat ne se fait guère attendre : 1,2 million de commission, rien que sur ce tournoi (dont 400.000 pour le personnel). Seul Gimmig fait mieux.
La file d'attente pour s'inscrire au Millionnaire Maker… Patrick Bruel n'a pas pu venir
Certains lecteurs pourraient me dire que j’ai sûrement mieux à faire qu’à commenter ce type de tournois (4.500 de tapis de départ, blinds 25-25, niveaux d'une heure). Par exemple le Razz avec sa belle finale de lundi opposant Hellmuth à Forrest diffusée en direct, que j’ai en effet commentée sur ma page FaceBook.
C’est juste, mais si je m’attarde sur ce (non) événement, c’est pour apporter quelques réflexions :
– L’an dernier le Millionnaire Maker avait attiré 6.343 joueurs. Cette année 25% de plus, c'est l'effet magique ! Pour rassembler encore plus de joueurs, il reste encore 2 ingrédients à ajouter : payer 15% des inscrits au lieu de 10% et baisser le buy-in à $1.000, cette baisse de prix étant répartie sur des centaines de payés qui n’ont pas atteint la table finale. Les organisateurs le feront-ils ? Nous verrons l’an prochain ! Personne ne serait choqué de les voir prendre 12% de commission sur un tel tournoi…
– Attirer aux WSOP des joueurs à petit budget n’est pas chose facile. Ce tournoi l’a réussi en promettant un prix qui changera la vie de celui qui le gagnera. Donc chapeau à Harrah’s pour l’avoir fait. J’ai entendu des voix sur ce tournoi qui ne m’ont pas plu. Certes, perfer dans un tournoi avec cette structure n’est pas un titre de gloire – quoique j'en aie vu des pires, des structures et des gloires. Mais pourquoi rabaisser ceux qui ont bataillé pendant 4 jours dans une épreuve qu’ils n’ont pas l’habitude d’affronter, dans l’ambiance magique des WSOP ? La table finale du Main Event réunit en moyenne chaque année 8 inconnus plus un joueur plus ou moins connu, et j’ai rarement entendu des commentateurs s’en offusquer.
– D’ailleurs ce type de tournoi semble attirer des pros qui veulent s’entraîner à moindres frais au jeu si dangereux des amateurs, puisque dans les payés figurent Jake Cody (triple Crown), Scotty Nguyen (champion du monde 1998), Michael Gatty (Belge avec 2 bracelets, comme Kitai), Humberto Brenes, John Racener, Greg Mueller, Andy Bloch, Marco Traniello, Layne Flack. Et même parmi les non-payés : Vanessa Selbst (vainqueur du Mixed Max, le n°2), Tuan Le (vainqueur du Deuce to Seven, le n°5), Kathy Liebert, Annette Obrestad, Vanessa Rousso, Noah Schwartz, Eric Baldwin, David Williams, Allen Cunningham, Barry Greenstein, Greg Raymer, Jeff Madsen…
– L’effet ravageur de l’ouverture du jeu en ligne aux USA explose. Les Américains reviennent en masse, ils envahissent les fields, ils sont partout dans les listes de résultats. On n’en est qu’à 9 tournois sur 65, remarquez-le bien, mais cela donne déjà une première idée. Les 9 premiers bracelets de cette année ont été gagnés par des Américains. L’an dernier, au même stade des combats, ils n’étaient que 6 !
Je me suis amusé, parmi les 819 payés de ce tournoi, à comptabiliser les nationalités. Cela donne :
Canada : 49
Royaume-Uni : 7
Allemagne : 7
Belgique : 6
France : 5 (bravo à Maxime Dubois, 161e avec un gain de $8.830)
Autriche : 4
Irlande : 3
Russie : 3
Mexique : 3
Italie : 2
Chine : 2
Divers : environ 20
USA : environ 688, soit 84% !
J'aime le poker parce qu'on se retrouve entre potes
Darryl Fish.Un nom faussement prédestiné. Il finit 223e et a 1,3 million de gains cumulés !
Il reste encore des satellites un peu partout poour se qualifier aux WSOP, y compris dans les side events.
Pour mieux y réussir, si vous ne l'avez pas encore lu, faites-le vite : Poker Satellites, le must !
Photos : courtesy PokerNews