Schoonmaker travaille à définir le "Gagnant" au poker

Publié le par FMontmirel

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Qu’est-ce qu’un Gagnant au poker ? On connaît la réponse comptable, mais la réponse mentale ?

Pourquoi a-t-on l’impression que certains joueurs sont comme touchés par la grâce, alors qu’a priori, rien de les distingue des autres, surtout quand on les a devant soi ? Seraient-ils géniaux à certains moments cruciaux, des moments particulièrement lourds financièrement parlant ?

C’est ce type de questions que s’est posées Alan Schoonmaker, psychologue et joueur de poker américain, déjà auteur de Vaincre son pire ennemi au poker (le pire ennemi, vous l’aurez compris, c’est vous). Pendant plusieurs années, il a mené l’enquête pour essayer de dégager les éléments qui font qu’un joueur est un Gagnant ou un Perdant. Car on a beau se poser la question, la réponse n’est pas immédiate. Alan est un brave type, il a mouillé la chemise à notre place et nous a épargné de longues heures de prise de tête.

Dans son prochain livre, Ceux qui gagnent au poker sont différents, il met ainsi en exergue 5 principaux domaines spécifiques au gagnant :

1. Les Gagnants maîtrisent leur concentration
2. Les Gagnants maîtrisent leur processus de pensée
3. Les Gagnants maîtrisent les informations qu’ils transmettent
4. Les Gagnants maîtrisent leurs réactions aux émotions
5. Les Gagnants agissent de façon tranchée


Relisez-les bien et vous vous apercevrez qu’en étant à votre meilleur niveau dans chacune de ces catégories, vous ne pouvez que gagner. Attention : nous parlons ici du mental, pas du stratégique. Bien sûr, l’auteur considère que vous connaissez les stratégies et les cotes avant de vous attaquer à ce pan mental.

Il reconnaît ainsi que certains joueurs, bien qu’ayant un jeu plutôt médiocre, sont pourtant gagnants. Simplement, ils sont impitoyables sur leur image, ils ont une « lecture » exceptionnelle, il savent se lever au bon moment, ils savent éviter les combats trop aléatoires, etc. Alors que d’autres qui sont meilleurs qu’eux rament beaucoup plus pour dégager un gain à long terme, voire n’en dégagent aucun. Parce que, par exemple, ils maîtrisent mal leurs émotions (point 4) ou parce qu’ils sont hésitants à prendre certaines décisions (point 5).

Chacun des 5 grands domaines est subdivisé en chapitres qui détaillent le sujet. Par exemple, « Les Gagnants travaillent dur ». A part quelques rares génies, les Gagnants au poker sont plongés dans leur matière, visionnent des vidéos, étudient des hand histories, lisent les forums, les livres, les magazines, prennent des notes… Sous des dehors souvent brouillons, ce sont des bûcheurs. Or, beaucoup de joueurs s’imaginent qu’ils ont le poker dans le sang et que cela suffit pour gagner. Cela aurait pu être vrai il y a 10 ans, mais cela ne l’est plus maintenant. Et ce le sera de moins en moins, car le niveau moyen des joueurs ne cesse de grimper.

Autre exemple : « Les Gagnants dépersonnalisent les conflits. » Si un joueur leur inflige 3 bad-beats dans la soirée, ils en seront bien sûr affectés, mais ne chercheront pas une « vengeance ». L’adversaire, lui, pourra trouver un malin plaisir à vouloir détruire le Gagnant. Tôt ou tard, le Gagnant lui infligera à son tour un coup dur. Et cette fois, l’adversaire sera déstabilisé, et sera presque toujours engagé sur la pente du tilt. C’est en ne liant jamais le jeu aux personnes que le gagnant ne vacille jamais.

Combien de fois avez-vous vu des joueurs s’énerver à la table :

- « Je t’ai déjà dit de ne pas attaquer ma grosse blind ! »

- « Alors comme ça, tu me relances à tapis ? Tu bluffes une fois de plus ! Je paie ! »

- « Attends, tu m’as éliminé la dernière fois avec une main de départ nulle, maintenant c’est mon tour ! »

Navrant… mais quelles failles à exploiter pour le gagnant !

Ce livre de Schoonmaker fait un pas de plus vers la définition du Gagnant. Ce n’est pas chose facile comme mission, car tous les auteurs rêvent finalement de donner la recette pour devenir Gagnant. Il s’en acquitte néanmoins à merveille, même si, comme il l’écrit si bien, « changer son jeu nécessite d’énormes efforts ».  Il éclairera beaucoup de joueurs, surtout ceux qui estiment que leur jeu est bon et ne gagnent pas pour autant. Il faut « crever » ce plafond auquel ils semblent se cogner sans cesse, et Ceux qui gagnent au poker sont différents est un bon livre pour ce faire.

Parution le 9 juin 2011. 15€. Infos ici

Publié dans Livres

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