Une légende du poker disparaît : Amarillo Slim
Thomas "Amarillo Slim" Preston Jr. est mort à 83 ans ce 4 mai, à Amarillo, Texas… dans une maison de retraite. C'est drôle, moi qui ne l'avais jamais rencontré, et qui n'ai jamais vraiment eu à admirer ce diable de Texan tout en en ayant toujours entendu parler, je me sens un peu orphelin.
Car Slim était un de ces hommes de sac et de corde qui font les légendes. La gouaille, la malice éclairent sa vie, et ses 5 bracelets WSOP à eux seuls (dont le main event en 1972) doivent suffire à le considérer comme un grand.
Seulement voilà. Son comportement parfois à la limite de la tricherie, qu'il confirme dans ses mémoires Ma vie est un pari, nous crient qu'il ne pouvait en aucun cas mériter la place d'un Doyle Brunson ou d'un Johnny Moss. Et cette controverse autour d'une présumée pédophilie, il y a quelques années, aura suffi à pousser le personnage au fond du placard - même si Brunson n'a cessé de le défendre bec et ongles sur ce point.
Ce qu'il restera d'Amarillo : un grand type qui était un véritable flambeur, ca oui, mais aussi et surtout le joueur qui a défendu le poker à la télé américaine comme personne, de manière régulière et sincère, au temps où internet n'était même pas une idée. C'est à lui que nous devons au poker d'avoir eu une présence médiatique forte outre-Atlantique, qui a sans aucun doute suscité de nombreuses vocations et évité nombre de procès en bannissement de notre jeu.
Il a été, avec Sailor Roberts et Doyle Brunson, un des premiers "rounders" texans à sauter comme une puce de ville en ville pour lancer puis exploiter des parties juteuses dans les années 50, pendant l'âge d'or du pétrole. Road movie permanent, la vie de ces hommes était une vie de légende, qui s'est cependant terminée à Vegas au début des années 1970. C'était l'époque d'un poker dur, sans sponsors ni médias, seulement le jeu clandestin et la mafia qui exigeait sa part à chaque fois qu'elle rôdait dans les parages.
A ceux qui affirment qu'aujourd'hui, ils auraient battu Preston à plate couture, je réponds qu'avec les techniques de l'époque, c'est Preston qui les aurait massacrés. Ce n'est pas pour rien s'il a battu les meilleurs pros du secteur en 72, puis d'autres plus tard. Souvenons-nous du fonceur, du flambeur qui s'en est toujours sorti, du joueur qui a terrifié les meilleurs, du vrai pro qui a été broke plusieurs fois mais qui, tel le phénix, a toujours su renaître de ses cendres.
On lui attribué de nombreuses citations, dont celle-ci :
"Je ne recherche jamais le fish. Je recherche le champion et j'en fais un fish."