Greice piégée

J'ai eu le plaisir de remporter le plus long tournoi du Caponga Poker Camp, un Hold'em no limit avec des niveaux de 40 minutes, qui a duré en tout 6h30.
Je me retrouve en tête à tête avec Greice Yamaguchi, la formatrice des croupiers, belle Japonaise habitant au Brésil, surnommée "Mistress" eu égard à son autoritarisme. Je l'observe attentivement depuis 2 semaines à chaque tournoi et j'ai remarqué sa capacité d'attaque mais sa réticence, dans certains cas, à arracher le coup.
Dès le début du duel, je la teste et j'arrive à voler 3 coups sur des bluffs purs que je me fais un plaisir de dévoiler pour lui montrer que je suis en forme - et pour la déstabiliser.
Parti dune situation de 60/40 en ma faveur, j'arrive peu à peu à une situation de 80/20 en jetons.
Le coup final est le suivant :
Blinds : 500-1000
Greice : 15.000
François : 45.000
(on note la profondeur des tapis, qui n'empêche pas les attaques sur un coup sur 2 dans ce duel très actif)
Je suis surblind et je reçois K-2 dépareillés. C'est une main particulière, et beaucoup d'entre vous vont se demander pourquoi je l'ai jouée. C'est que nous sommes en tête à tête, et cette main est à la moyenne des mains possible (86e sur 169). C'est bien sûr le Roi qui m'intéresse ici, car je pense partir favori.
Greice relance préflop au double (2.000) et je décide de payer.
Flop :



La turn : K !

Je sais, c'est un coup de chance, mais après tout j'ai attaqué au flop et la fortune sourit aux audacieux.
Je réfléchis. Ouvrir est une erreur d'après moi. Je la vois avec J-x, non avec K-x. Ayant ouvert au flop, il est logique que je checke à la turn car le Roi est supérieur. Checker est logique et utile car si elle ouvre à son tour, cela me laisse le temps de réfléchir à nouveau avant de faire all-in ensuite éventuellement.
Donc je checke pour la piéger.
Immédiatement, elle ouvre all-in.
Très bien joué car si je paie, elle va forcément voir la river, ce qui n'est pas de mon goût. J'aurais préféré qu'elle ouvre à 4.000, ce qui m'aurait permis de relancer all-in derrière et d'arracher peut-être le coup sans abattre.
Ayant la paire max et possédant 75% des jetons, je paie évidemment. Et elle découvre J-10. La river n'apporte rien et je gagne.
Ce coup montre comment on peut pousser un adversaire à bluffer. Certes, c'était un semi-bluff car elle avait la 2e paire, mais je lui ai laissé la main pour attaquer et tenter d'arracher le coup. Si j'avais fait all-in à la turn, ou même si j'avais ouvert à la hauteur du pot, elle aurait probablement passé et je n'aurais pas abrégé le tournoi, ce qui m'aurait mis en position de - peut-être - le perdre.