La règle des 2 erreurs de Flannigan
Certains paragraphes discrets dans des livres valent leur pesant d'or. Et tout ce qu'on a à faire pour trouver le filon, c'est de les lire. Cela tombe bien, ils sont en vente libre. Dans Vaincre son pire ennemi au poker, Alan Schoonmaker signale la "règle des 2 erreurs" que lui avait enseignée un joueur professionnel du nom de Jerry Flannigan (photo).
C'est simple. Quand Jerry commet une erreur de fond dans son jeu en session de cash, il sait qu'il n'a plus droit qu'à une erreur. S'il commet cette 2e erreur, il devra se lever et quitter la partie. Commettre 2 erreurs est pour lui le signe indiscutable qu'il n'est plus au jeu, qu'il est peut-être fatigué, qu'il n'est pas assez concentré.
Nous recherchons tous de bonnes raisons de nous lever d'une table de cash car il est souvent difficile, peut-être même plus difficile de partir quand nous gagnons que quand nous perdons. Par exemple, admettons que vous gagniez 2 buy-ins nets à un moment donné. Un gros pot se produit, qui vous prend 1 buy-in. Si vous n'avez pas commis d'erreur, vous ne devriez pas partir de la table. Vous devriez continuer à jouer votre meilleur poker tant que vous estimez que votre espérance de gain est positive. (Cela toutes choses égales par ailleurs : si c'est l'heure du biberon du petit dernier et que vous jouez sur internet, alors oui, vous devrez quitter la table.)
Quand nous perdons, nous pouvons à la rigueur nous imposer d'arrêter les frais au bout de 4 buy-ins perdus (par exemple). Mais quand nous gagnons, nous n'avons objectivement aucune raison de nous lever. Si notre analyse aboutit à ce que nous avons une espérance de gain positive à jouer à cette table, nous devons rester. Néanmoins, certains signaux peuvent nous alarmer, et la règle des 2 erreurs de Flannigan en est un.
Ce signal des 2 erreurs est meilleur qu'un signal qui reposerait sur l'ampleur des pertes - et surtout, moins onéreux. La règle des 2 erreurs s'attache uniquement à l'erreur, pas à ses conséquences financières. Voilà ce qu'il y a de nouveau. J'applique cette règle et je m'en trouve très bien. Me voilà débarrassé du poids de l'argent.
C'est l'occasion de signaler que je publierai en juin un livre plus profond encore de Schoonmaker : Ceux qui gagnent au poker sont différents, avec une analyse très juste (à mon sens) des compétences développées par les gagnants. Un livre interactif puisqu'il comportera de nombreux tests d'auto-évaluation. Je vous en reparlerai le moment venu.