Poker GUKPT de Londres : Hold'em £500

2e tournoi, le $500. 120 inscrits pour 150 max, là encore on n'est pas dans la folie des inscriptions mais encore une fois, ce tournoi est une étape du grand circuit GUKPT. Les gros joueurs anglais connus (les Boatman, Thew, DeWolfe et consorts, et je ne parle même pas des sponsorisés) ont l'air de bouder ce rendez-vous.
Néanmoins à ma droite, j'ai une gloire locale en la personne de l'Irlandais Rory Liffey, joueur solide dont la spécialité consiste à faire des overbets, à la manière de notre bon vieil Hairabedian -- à cette différence que l'un pèse le double de l'autre.
Dès le départ, le ton est donné : on en a fini avec les farfelus de l'Omaha de la veille, cette fois on joue vraiment au poker. Niveaux comme toujours de 45 mn, tapis de 10K, premier niveau 25-50. Un joueur se distingue qui est l'ainé de la table, un vieux beau d'une cinquantaine d'années qui bluffe un peu trop. Il a un plâtre au poignet et il a l'air d'etre très connu sur place. J'ai l'impression que son plâtre le frustre et qu'il se rabat sur le jeu pour bluffer, comme pour exister quelque part. Je l'attends au tournant et ca ne rate pas : à un moment donné, je recois A-Q, je relance UTG, il me paie et nous sommes 2 à voir ce flop : 8-5-3 tricolore. J'attaque aux 3/4 du pot, à 300, et, coup classique, il me relance à 700. Je paie. Turn : K. Bonne carte pour moi. J'ouvre à 1100, il me relance à 2200, je le sur-relace à 3500 (ici on peut faire ca) et il passe.
Un peu plus tard, débarque à la table un joueur qui se la joue, avec un tapis de 15K environ, et un sweat au nom de FullTilt. Je l'identifierai après comme étant Praz Bansi (1 bracelet WSOP, $1,5 millions de gain, excusez du peu).
Aussitot l'ambiance change et il avoine la table. Je me dis qu'il va forcément tomber sur un mauvais coup. Ca ne rate pas. A un moment donné, il relance à 400 au niveau 50-100 et j'ai 8-8 au BB. Je paie. Arrive le flop 5-5-4 tricolore. Je checke, il ouvre à 500, et typique, je relance à 1200. Il paie. Curieux : s'il a A-K ou quasi, pourquoi payer (il devrait passer) ? Et s'il a 6-6+ ou brelan, même question (il devrait relancer) ?
La turn donne un 3, plutot bon pour moi. J'attaque à 1800. Là encore il paie. De plus en plus bizarre... Enfin la river est un 2. Aie ! Une carte que je ne voulais pas voir. J'hésite à attaquer, et finalement je checke. Il ne se démonte pas et ouvre à 3K. Tempête sous un crâne : car s'il a l'As qui me fait perdre, cela signifie qu'il a une main genre A-K, et cela ne colle pas du tout avec ses suivis répétés. Il me bat avec 9-9+, mais avec 7-7 il pourrait à la rigueur avoir joué comme cela et perdre l'abattage. Donc j'estime avoir une bonne chance avec mon 8-8 et je paie. Il abat A-4. Main très improbable qui lui a porté chance vu que j'étais devant jusqu'à la river, qui lui a été plus que favorable... Finalement, ce coup, censé lui river son clou, a rivé le mien...
Je retombe ainsi à 4.000 et c'est le début de ma traversée du désert. Je vais jeter continuellement mes mains pendant 3 tours. Après quoi je recois A-A au bouton. Un joueur limpe, je le relance au triple, il passe et j'encaisse. Un tout petit pot, mais qui signe le retour de Francois. Notamment avec un brelan de 5 touché à la river qui va faire éliminer un adv. J'en élimine aussi un autre qui a mal choisi son moment : il attaque en milieu de parole préflop, j'envoie mon tapis avec K-K, il réfléchit et finit par payer avec 9-9 et rien ne l'aide au tableau.
Mon tapis remonte à 18K, à peu près au même moment où la France bat l'Angleterre au rugby et signe ainsi son 9e Grand Chelem de son histoire. Bravo les bleus : on me félicite en rigolant à la table. Ca détend l'atmosphère et ça me donne du mental en plus.
Un bon coup contre un vieux joueur avec un sweat à son nom brodé offert par une room en ligne : je suis la relance préflop avec


Arrive la turn, un 3. Je checke encore, certain qu'il va ouvrir, et ca ne rate pas : il ouvre à 1200. Je relance à 2600, et il paie. Enfin la turn : un As. J'aime assez cette carte, pas vous ? J'attaque en block-bet à 3000, et il réfléchit longuement. Puis paie, et j'abats mon brelan camouflé qui gagne. Il avait A-8, pas de chance pour lui... mais pourquoi paie-t-il à la fin, il ne s'est pas rendu compte qu'il ne battait quasiment plus aucune main...
J'entame alors ma 2e traversée du désert. Il doit être 20h, et jusqu'à 21h45 je ne joue aucun coup. Je ne trouve qu'une main jouable,


J'attends que ça se passe patiemment et c'est ainsi qu'on arrive à l'arret-dîner d'une demi-heure, à 21h45. Au restaurant, tout est plein, aussi je descends dans la rue mouillée et m'engouffre dans une pizzeria déserte entre deux bars à chicha (ils pullulent sur Edgware Road). On me sert une pizza à l'ananas et un jus d'orange fait devant moi. Je cale, la pizza est trop copieuse, alors j'offre le reste à une mendiante dans la rue qui tend la main sous la bruine froide.
De retour au tournoi, il reste 75 joueurs et les blinds sont à 300-600, ante 50. Mon tapis est de 13K pour un tapis moyen de 18K. Je dois me secouer car les nombreuses éliminations à ma table y ont amené beaucoup de jetons et je dirais que le tapis moyen de ma table est plus proche de 22K environ.
Au SB, je recois


Bon, vous l'avez compris : aucune des 5 cartes du tableau ne m'aide et je me fais éliminer sur ce coup qui n'aurait pas dû exister. En envoyant le tapis, j'ai certes pris un risque, mais j'avais une fold equity énorme et le risque qu'a pris Bansi était autrement plus fort selon moi, même s'il ne risquait pas de sauter quoi qu'il arrive : se retrouver avec un tapis nettement inférieur au tapis moyen de la table, ce qui aurait handicapé son jeu agressif.
Je n'ai plus rien à faire ici alors je me dirige vers les cash-games et je frôle en passant l'épaule d'une masseuse debout, métisse au sourire éclatant. Je lui demanderai un massage demain... Finalement je décide de ne pas jouer au cash, je suis un peu fatigué.
A l'étage en-dessous, c'est la salle de roulette, blackjack et consorts, et en ce samedi soir c'est salle pleine. Je découvre pour la première fois une roulette électronique : le tableau est le même qu'une roulette normale, sauf qu'il n'y a pas de jetons. Ils s'affichent au gré des joueurs sur les cases qu'il désirent en appuyant sur l'écran tactile. Le bouleur envoie une vraie boule en dur dans un cylindre normal, la boule tombe dans sa case puis les jetons perdants sont visuellement entraînés vers la sortie... quant aux jetons gagnants, ils restent en place et le joueur est crédité de son gain, qu'il peut rejouer ensuite... Fascinant mais ô combien désincarné.
Allez, je me laisse tenter par quelques mains de blackjack, histoire de revenir à mes premières amours... Je change £500 et m'assieds à la table à £25. Le premier sabot est balancé, j'en sors à jeu. Le deuxième est nettement meilleur. J'ai une série de 7 gains consécutifs, et avec mon petit système cumulatif, j'accumule des jetons d'avance. Arrive le 3e sabot, que je défie seul car mes deux voisins (un vieillard et un jeune Indien) m'abandonnent. Tant mieux, j'adore le heads-up ! Je commence par un blackjack et la série payante reprend. Jusqu'à ce que le donneur me batte par 19 contre 18, et là je dis salut la compagnie. Gain du soir : £350 en 20 minutes.
RV donc demain pour le 3e et dernier tournoi, à £200, avec des niveaux de 25 mn cette fois...