Las Vegas et son sous-blackjack

Publié le par Francois M.

Exceptionnellement, dans ce post je ne vais pas vous parler poker, mais blackjack.

Je reviens de Las Vegas, qui pour moi, en plus d’être le sanctuaire des WSOP, était aussi la Mecque du blackjack. Le lieu dans le monde où l’on trouvait les tables avec le plus d’options, les mises les plus hautes.

Les mises les plus hautes : on peut encore les trouver. Mais dans quelles conditions de jeu !

J’avais prévu de faire une ou deux sessions à des tables que j’aurais dûment sélectionnées. Je vous spoile tout de suite : j’ai fini par ne rien miser au blackjack tellement j’étais dégoûté !

Prenons les choses dans l’ordre.

Vegas adore les petits joueurs, on trouve même des tables à $1, comme le prouvent les panneaux en dur qui longent la route du côté de Downtown :

Las Vegas et son sous-blackjack

Même en France dans les petits casinos du bord de mer, je n’ai jamais vu de table à 1 euro, même si cela ne veut pas dire que ça n’existe pas. En revanche, j’en ai vu à 2 euros.

Pour ce qui est de la suite, une chose aurait dû me mettre la puce à l’oreille : la roulette à 3 zéros ! Vous n’aviez pas osé la cauchemarder, alors Vegas l’a faite pour vous ! Elle existe aussi bien en live qu’en automatique :

Las Vegas et son sous-blackjack

Les casinos sont tellement sûrs de l’incurie de leurs clients qu’ils disposent côte à côte les roulettes à deux zéros et à trois zéros (il n’y en a quasiment pas à un zéro). Eh bien même dans ces conditions, quand je suis passé à cet endroit du Horseshoe, il y avait plus de joueurs sur les trois zéros que sur les deux zéros ! Quand j’ai discuté ensuite avec la croupière, je lui ai fait part de mon étonnement de voir trois zéros, mais elle a trouvé que c'était plus drôle de jouer avec trois zéros plutôt qu’avec deux. C’est toujours le cas dans tous les casinos du monde : si vous voulez en savoir plus, ne demandez jamais aux croupiers. On ne m’y reprendra plus.

La dernière fois que je suis venu à Vegas, c’était en 2009. Ca a changé du tout au tout en matière de blackjack. Vous allez pâtir maintenant de 4 inconvénients :

  • Le blackjack est payé 6 contre 5 (eh oui !) au lieu de 3 contre 2.
  • Le dealer tire sur 17 soft, le vilain !
  • Le surrender (ou abandon) est supprimé.
  • On ne peut plus doubler que sur 9, 10 et 11.

Vous ne me croyez pas ? Il est vrai que si on me l’avait dit AVANT que j’aille à Vegas, j’aurais eu des doutes ! Et pourtant je vous jure, c’est VRAI, c’est même écrit sur leurs tables :

"Blackjack pays 6 to 5" (l'enfer sur terre !)

"Blackjack pays 6 to 5" (l'enfer sur terre !)

"Dealer must hit soft 17" (au secours !)

"Dealer must hit soft 17" (au secours !)

Je sais, ce sont des horreurs, et vraiment j’ai mal à mon âme de joueur. Maintenant il serait faux de dire que tout Vegas a plongé dans l’impiété crasse. Par exemple sur le Strip dans les hautes limites, vous pouvez trouver du blackjack payé 3 contre 2… mais sur des tables à $100. Et encore, il ne vous sera fait aucune autre fleur.

A Downtown, comme d’habitude, on bichonne un peu plus le joueur aux tables. Les casinos ont comparativement plus de tables et moins de machines, ils se battent pour survivre face aux mastodontes du Strip, et pour ce faire, comme au Golden Nugget, au Four Queens ou au Binion's, ils offrent presque tous le blackjack à 3 contre 2 dès $5 de mise… mais rien de plus.

Au Golden Nugget, on a compris comment attirer le client… (dont moi, à droite)

Au Golden Nugget, on a compris comment attirer le client… (dont moi, à droite)

Qu’il est loin le temps où le petit casino Sassy Sally de Fremont Street proposait « le blackjack le plus libéral du monde » : des tables où toutes les options étaient offertes. Vous pouviez doubler sur toutes les mains, séparer toutes les cartes, bref c’était la joie ! Certains joueurs mal renseignés commettaient d’énormes bourdes, ce qui compensait les jeux optimaux des types à la page. C’était en 1996, lors de ma première visite sur place. Sassy Sally a fermé depuis longtemps, englouti dans divers regroupements immobiliers qui ont abouti à l’énorme Circa actuel.

J’essaie de deviner POURQUOI les conditions de jeux du blackjack sont devenues aussi léonines à Vegas. La recherche du profit maximum aurait-elle poussé les casinotiers à gratter les paiements à ce point ? Avec en face un chantage à l’emploi du genre : si les tables ne rapportent plus assez, on les ferme et il n’y aura plus que des machines ? Il y a sûrement quelque chose comme ça en coulisse pour avoir un tel resserrement des règles. Je suis preneur d'infos car je me sens concerné.

Voyons d’ailleurs comment se chiffre ce serrage de vis :

  • Blackjack sous-payé : -0,70%
  • Le dealer tire sur 17 soft : -0,14%
  • Suppression du surrender : -0,65%
  • Doublement interdit sur les softs : -0,20%

Total : -1,69%

Sachant qu’on part d’une situation où on est proche de l’équilibre en valeur négative, on arrive à un blackjack végasien actuel qui prélève en gros 1,8 à 2%. Ce n’est pas délirant, mais franchement ça ne m’attire plus, d’autant que la variété du jeu en pâtit.

Je suis très fier de cette photo au Golden Nugget, où la croupière m'interdit le cliché ! On note que sur cette table d'Ultimate, le jackpot est à 328.375$ !

Je suis très fier de cette photo au Golden Nugget, où la croupière m'interdit le cliché ! On note que sur cette table d'Ultimate, le jackpot est à 328.375$ !

Conclusion : si vous voulez jouer au blackjack, allez donc à Dinard, en Bretagne, ou à Deauville, ou dans plein d’autres casinos français. Là on peut doubler sur n’importe quelle main, on peut abandonner contre toutes les cartes du croupier sauf l’As (si on pouvait le faire contre l’As, le jeu serait bénéficiaire pour le joueur !), le blackjack est payé 3 contre 2 (c’est la loi !) et le croupier a la correction de s’arrêter de tirer dès qu’il a 17 soft. Cerise sur le gâteau : à Dinard la donne se fait à partir d’un sabot, comme quand j’ai démarré le blackjack il y a près de 40 ans ! Permettez-moi de ne pas développer ce point, certains ont déjà compris…

En 1996 le blackjack français était austère quand le végasien était luxuriant. Près de 30 ans plus tard, c’est exactement le contraire. On va voir de plus en plus de Yankees jouer à Deauville…

A propos des cartes utilisées : ce sont toujours, et dans tous les casinos, les mêmes qu'avant les scandales de Phil Ivey. Autrement dit, des dos à croisillons genre Bee ou avec des ronds genre Gemaco, comme on l'aperçoit sur la photo ci-dessus. Comme la coupe est parfois décalée, ces dos deviennent asymétriques et peuvent être utilisés comme l'a fait Phil Ivey il y a un peu plus de 10 ans au punto-banco. (Lire l'Affaire Ivey).

Pour en terminer avec ce sujet, un peu comme partout Vegas sacrifie à la grande mode des side-bets. La plupart des tables de blackjack se doublent d’un jackpot progressif qui peut atteindre plusieurs dizaines de milliers de dollars, et qu’on ne peut encaisser que si on a cotisé sur la case en question, of course ! Il existe moult autres side-bets, comme par exemple celui où vos deux cartes et celle du croupier forment une quinte flush (30 contre 1). Ou encore, celui où la carte du croupier se trouve, en valeur, prise en étau entre vos deux cartes de départ. Pour pouvoir prétendre à un gain, il faut bien sûr miser où il faut, en plus de votre mise normale de blackjack. Sur ce sujet, souvenez-vous du side-bet de l'assurance au blackjack : si le casino vous le propose, ce n'est pas pour VOUS faire gagner de l'argent, c'est pour LUI faire gagner de l'argent.

Et si vos neurones de joueur sont devenus apathiques, il vous reste encore la possibilité de faire une partie de Casino War, c’est-à-dire une bataille comme quand on était petit. Le donneur donne JUSTE une carte à tout le monde, puis paie ceux qui ont une carte supérieure à la sienne, et prend la mise de ceux qui ont une carte inférieure à la sienne. C’est fou ce qu’on s’amuse !

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