5 questions à... Tom Verdier

Publié le par jokerdeluxe

Tom Verdier est l'auteur de No Limit (Albin Michel, 15 euros). Voir mon article ici : http://www.over-pair.com/article-18936884.html

FM : Vous êtes toujours accro au poker sur internet ?

TV : L'action du livre se passe en 2005... Aujourd'hui, je travaille dans ma galerie d'art parisienne et je joue en partie privée et dans quelques cercles. Quand je suis passé chez Cauet avec Isabelle Mercier, il m'a demandé quel avait été ma plus grosse perte, j'ai répondu 2500 $, exprès, pour avoir la sensation de la perte au cash game. Ca a fait déjà rigoler tout le monde parce que pleins de gens ont interprété que c'était ma SEULE perte alors qu'en fait, c'est la plus grosse. J'avais déjà perdu par avant jusqu'à 800 $, mais à l'époque où j'écrivais je jouais peu, surtout des tournois et je perdais peu ou pas. En fait j'étais positif d'environ 200$ chaque semaine. Donc la sensation horrible de la grosse perte était lointaine et me semblait plus un mauvais rêve qu'une réalité.
Bref, je décidais de perdre 500$. Je me mettais sur un cash-game à 500$ sur internet et envoyais, envoyais... Au bout de 10 minutes, j'avais 2500$ (forcément!). J'hésitais alors à continuer. Mais le but était clair : écrire la frustration. alors je continuais. Au bout de 6 heures, j'avais perdu mon dernier dollar et j'étais dans un état indescriptible, j'avais une envie presque irrépressible de remettre 2500$ pour me refaire. Soudain, me rappelant le but originel de la partie, je coupais court et me mettais à écrire ce que je ressentais. C'est là que j'ai vraiment découvert comme la perte vous prend à la gorge : devoir, vouloir écrire, était tout ce qui me retenait, alors que j'avais fait exprès ! La preuve que ça rend accro !

FM : A un moment du livre, votre héros crée un nouveau profil sur son site de poker en ligne pour pouvoir jouer encore. Tout le monde sait que ce n'est possible !

TV : A l'époque, en 2005, ça l'était ! C'était avant l'affaire Bonomo, et sur le même site que lui. J'ai pris 5 adresses virtuelles, avec 5 pseudos différents, mais en utilisant à chaque fois mon vrai nom. Puis j'ai installé mes 5 pseudos à la même table. J'ai ensuite appelé la hotline pour leur dire que si je pouvais le faire, d'autres aussi le faisaient et que par conséquent il y avait un grave manquement à la sécurité.

Ils m'ont répondu que je n'avais pas le droit et ils ont effacé mes quatre identités supplémentaires. Mais ils n'ont rien changé à leur système puisque l'affaire Bonomo a éclaté ensuite

(Note : le joueur Justin Bonomo avait créé plusieurs identités qui brassaient plusieurs dizaines de milliers de dollars, mais il s'est vu confisquer une partie de ses gains).

FM : Qu'est-ce que vous avez voulu prouver avec ce livre ?

TV : Je ne fais pas de morale. Joue en ligne qui veut. Je fais simplement de la prévention. Un étudiant comme le héros du livre a un budget de 200 à 400 euros par mois, mais pour lui cet argent ne veut rien dire. Il n'a jamais gagné sa vie, il n'a pas idée de ce que signifie l'argent. Surtout, ces sommes étant réduites, il ne peut pas faire la dissociation entre le budget jeu et le budget pour vivre au quotidien, comme le font ceux qui ont des revenus réguliers. Résultat : il joue forcément l'argent des courses, des fringues...

FM : Votre livre vaut 10 discours contre l'addiction au jeu, 10 rapports ministériels... D'ailleurs quelle est la part de vécu ?

TV : 95% environ. Même la fin qui paraît inventée de toute pièce, je l'ai en grande partie vécue, avec un méga-tournoi sur internet entre les sites affiliés, doté d'un million de dollars. Encore une fois, je ne fais pas de morale. Par mon histoire, je montre ce que j'ai vécu, ressenti, risqué... Je ne fais pas de croisade.

FM : Pourquoi le papier ? Pourquoi pas un documentaire, un DVD ?

TV : Ca se fera peut-être un jour. J'aime écrire, en fait c'est mon 7e manuscrit, et mon premier publié. Je prépare un autre livre, qui n'aura rien à voir avec le poker.

Publié dans Interview flash

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B
merci pour votre livre, il nous a permis de comprendre par où notre fils était passé.<br /> Il a joué au poker, le poker a joué de lui, il s'en est suicidé... avec la co responsabilité du Casino et de sa Banque.
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